
Pourquoi avoir voulu interpréter le rôle de Dorothy ?
Pour le challenge et pour le rôle. Le challenge est évident : Dorothy est quasiment sur toutes les pages du livret ! Je pense même être présente sur scène 80% du spectacle ! Quant au rôle, il est très conséquent, très riche en termes d’interprétation. Moi qui me sentais déjà assez proche d’Esmeralda (qu’elle a joué dans Notre Dame de Paris NDLR), je le suis encore plus de Dorothy ! Cette jeune fille est quelqu’un de positif, qui va de l’avant. Elle est presque un peu garçon manqué dans son caractère, car elle sait précisément ce qu’elle veut. Ayant été élevée par des parents dotés d’un fort caractère, je suis comme elle, je ne me laisse pas aller et n’ai pas pour habitude de baisser les bras. Et comme le soulignent les équipes artistiques, elle est aussi très fidèle. A Toto bien sûr, qu’elle n’abandonnerait pour rien au monde, ainsi qu’à ses amis qu’elle fera toujours passer avant elle.
Comment se passe la préparation du spectacle?
Nous répétons depuis cinq semaines. Le contexte est très particulier car nous travaillons au quotidien avec la tonique Madeline Paul qui fut assistante à la mise en scène du Magicien d’Oz lors de sa production originale à Londres et lors de la récente tournée américaine. Madeline possède un regard d’une précision étonnante. Elle a notamment le don de faire comprendre à chacun son personnage pour que l’interprétation soit optimale. Pour cela, elle a joué tous les rôles devant nous, se transformant en un instant en une petite fille, en l’homme en fer blanc… Sa façon de travailler consiste parfois à ne pas donner spécifiquement d’indications, mais à susciter une réaction pour nous aider à définir notre jeu, et à aller plus loin que les simples personnages –un homme en paille, une fée, un lion etc-. Madeline trouve une raison à chaque détail. En ce qui me concerne, elle a presque disséqué chacune de mes actions. Avec elle, j’ai travaillé jusqu’à cinq fois par jour la chanson phare « Somewhere Over The Rainbow », non pas pour qu’elle devienne un automatisme, mais pour que ce soit le plus naturel possible. Et là aussi, elle m’a fait étudier chacune de mes attitudes, le moindre geste, même le plus anodin. La chorégraphe Arlene Phillips a fait de même avec les danseurs, les poussant dans le jeu, et à davantage de comédie. Enfin, musicalement, nous bénéficions de la présence de David Andrews Roger. Directeur musical du spectacle, il a participé aux plus grandes productions de Broadway et c’est lui qui dirigera l’orchestre à Paris.
Quelles seront les particularités du show parisien ?
Le spectacle du Palais des Congrès sera celui donné lors de la tournée nord-américaine tout au long de l’année 2013/2014. Rien n’est modifié de cette version. Le public français retrouvera les chansons du film ainsi que les cinq nouveaux titres signés Tim Rice et Andrew Lloyd Webber, lors de la création du musical en 2011. Les effets de ballet, les effets spéciaux seront présents également, et nous avons même enregistré spécialement toutes les projections vidéo. Seuls quelques changements ont été effectués au niveau des aériens, mais l’essentiel sera là : le vol de la sorcière ou l’arrivée de Glinda qui sont des moments merveilleux. En outre, nous aurons la chance de jouer accompagnés de onze musiciens qui interpréteront en direct les musiques. Cela change tout ; la vingtaine de titres en live c’est unique.
Vous marchez dans les pas de Judy Garland…
Je ne me lasse pas de dire que je suis à la fois flattée, touchée et fière de reprendre ce rôle tenu par Judy Garland au cinéma et par Danielle Hope sur scène au London Palladium. Être la première Dorothy Française, c’est particulier ! Je suis d’autant plus ravie, qu’ayant fait une scolarité américaine, le Magicien d’Oz a réellement fait partie intégrante de mon enfance. C’était très important pour moi. Me retrouver à interpréter l’un des plus grands standards de jazz au sein d’une comédie musicale à laquelle je suis très attachée, c’est la réunion de toutes mes passions ! Pour revenir à Judy Garland, il ne s’agit pas pour moi de reproduire ce qu’elle a fait. La direction artistique n’y tient pas non plus, préférant adapter chaque personnage à son interprète. J’essaie donc d’être moi-même, en conservant l’esprit de Judy Garland et ce qu’elle disait du personnage : un être qui possède autant de douceur que de force, une certaine fragilité et en même temps une vraie conscience : ne jamais se laisser abattre.
Que pouvez-vous nous dire sur l’inévitable Toto, qui partage la vedette avec vous ?
En réalité, deux chiens jouent le rôle de Toto. L’un est doublure de l’autre, mais vous ne saurez pas lequel ! Tous deux ont joué le show depuis un an et demi, notamment lors de la tournée nord-américaine. Depuis quatre semaines, j’ai des sessions particulières de travail avec eux, pour qu’ils s’habituent à moi mais aussi pour qu’ils m’obéissent sur scène : ils doivent marcher à mes côtés, s’asseoir etc. J’ai ajouté à mon agenda trente minutes de dressage quotidien ! Pour l’anecdote, il faut d’ailleurs savoir qu’en coulisses, ces animaux suivent un régime strict : ils sont par exemple tenus éloignés de la troupe afin d’éviter qu’ils ne fréquentent trop les membres de l’équipe et qu’ils soient ingérables une fois sur scène ! J’avoue que j’appréhendais un peu de chanter avec ce chien dans les bras. Au tout début, j’avais même un peu de mal, c’est inhabituel ! Désormais c’est l’inverse. Avoir cet animal avec moi diminue presque une partie de mon stress. Je partage mon émotion avec lui, en quelque sorte, il aspire une partie de mon trac. Même si l’angoisse est de toute façon toujours là !
Le Magicien d’Oz
Avec Candice Parise, Natasha St-Pier, Franck Vincent, Sophie Delmas, Edouard Thiébaut, Fred Colas, Grégory Garell, Angélique Magnan, Jeff Broussoux
Palais des Congrès de Paris — du 20 au 28 décembre 2014
http://le-magicien-doz.com/