Cabaret Jaune Citron (Critique)

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Un spec­ta­cle musi­cal acidulé !
Livret, lyrics et mise en scène de Stéphane Ly-Cuong
Lyrics et musiques de Chris­tine Khandjian
Musiques addi­tion­nelles de An Ton-That
Avec Clotilde Cheva­lier, Thibault Durand et Ayano Baba

Choré­gra­phies de Nel­ly Célérine et Sonia Couet
Cos­tumes de Sami Bedioui
Col­lab­o­ra­tion artis­tique et tech­nique : Sébastien Fèvre et Christophe Guillaumin

RESUME
Yvonne Nguyen,  jeune femme française d’origine viet­nami­enne, gère tant bien que mal sa dou­ble cul­ture. Entre le regard des autres qui ne la trou­vent pas assez asi­a­tique et celui de sa famille qui la trou­ve trop française, com­ment trou­ver l’équilibre ? Entre humour et imper­ti­nence, Yvonne, qui se rêve à ses moments d’évasion star de comédie musi­cale, accu­mule au quo­ti­di­en les déboires sen­ti­men­taux et famil­i­aux. Un voy­age sur la terre de ses orig­ines la réc­on­ciliera peut être avec elle-même …

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Notre avis: Cabaret Jaune Cit­ron met en scène Yvonne Nguyen, une française d’origine viet­nami­enne farouche­ment décidée à échap­per à son car­can famil­ial. Avec beau­coup d’ironie sur les petits tra­vers de la cul­ture viet­nami­enne, la jeune fille fait part de ses rêves dés­abusés : elle aimerait devenir une star de Broad­way, sa façon à elle d’être comme tout le monde, mais les préjugés sur les femmes asi­a­tiques ont la vie dure. Assagie par l’expérience de la vie et après un voy­age ini­ti­a­tique sur la terre de ses aïeuls, elle se débar­rasse de ses frus­tra­tions en s’acceptant telle qu’elle est, sans rougir.

Clotilde Cheva­lier inter­prète une Yvonne pleine d’autodérision et immé­di­ate­ment attachante. Elle est moins aigrie et acide que lors des pre­mières lec­tures qui fai­saient plus directe­ment référence au Blog d’Yvonne ; la trame y perd un peu en pro­gres­sion du per­son­nage mais l’atmosphère gagne en sérénité. Thibault Durand, le frère à la gui­tare, et Ayano Baba, la mère au piano, com­plè­tent le tableau pour trans­porter le spec­ta­teur au sein de la famille viet­nami­enne. Le trio fonc­tionne dans une belle har­monie dra­ma­tique et musicale.

Les chan­sons, co-écrites par Stéphane Ly-Cuong [NDLR : rédac­teur en chef de Regard en Coulisse], Chris­tine Khand­jian et An Ton-That, pos­sè­dent tout ce que l’on peut atten­dre d’une comédie musi­cale, drôles ou ten­dres et tou­jours pleines de sens et d’esprit. Elles vous trot­tent dans la tête longtemps après le baiss­er du rideau, signe des mélodies sim­ples qui font mouche. Telle est aus­si la mise en scène, sim­ple et effi­cace, reposant sur quelques acces­soires, quelques pas de danse et sur des jeux de lumières astucieux.

La force de Stéphane Ly-Cuong est de savoir racon­ter de belles his­toires sans en avoir l’air, par petites touch­es anec­do­tiques cinglantes et drôles. Il y a for­cé­ment des gènes asi­a­tiques dans ce style qui ne dit pas explicite­ment les choses mais mène le spec­ta­teur au cœur du pro­pos : le thème uni­versel de la recherche de soi par-delà les pres­sions sociales. La couleur, finale­ment,  importe peu : jaune, noir ou rose… arc-en-ciel ?