
Le Roi Soleil est un spectacle musical produit par Dove Attia et Albert Cohen et mis en scène par Kamel Ouali. Le spectacle est prévu au Palais des Sports d’octobre 2005 à janvier 2006. Le Roi Soleil retrace la vie de Louis XIV de 16 à 40 ans. Cela tourne autour de la réalité historique, mais aussi de tout l’imaginaire lié à cette période : le Masque de Fer, etc. C’est un projet flamboyant, avec des mélodies bien de notre temps. C’est très enlevé.
De quelle façon Le Roi Soleil va-t-il se démarquer des comédies musicales actuelles ?
Avec Le Roi Soleil, on se tourne vers un projet plus « live » : il y aura des musiciens baroques sur scène et de plus, les choeurs ne seront pas enregistrés. Il y aura quand même une bande mais c’est tout de même un pas de plus vers le live. Les productions commencent à se rendre compte que le public a besoin de ça.
Durant l’ère « post-Notre Dame », les comédies musicales ? je parle des grosses productions ‑ont eu d’énormes présomptions de succès, et dans la plupart des cas, personne ne s’est trompé. Roméo & Juliette, ou Les Dix Commandements ont très bien marché. Puis il y a eu une deuxième vague avec notamment Les Demoiselles de Rochefort, Belles belles belles, etc. Et là, il y a eu des blessés. Aujourd’hui, on regarde à deux fois avant de mettre des sous dans un gros spectacle.
A côté de ça, il y a des phénomènes comme Créatures, Zapping ou encore Chance qui bénéficient d’un excellent bouche-à-oreille et d’une bonne presse et cela peut contribuer à faire changer les choses dans la façon dont on produit les grosses machines.
Les producteurs commencent donc à se rendre compte maintenant que les comédies musicales ne sont pas que tristes et que vocales. On se tourne tranquillement vers ce qu’est la comédie musicale à Londres, New York ou en Allemagne. En remontant les grands boulevards, je voyais les façades des théâtres avec Créatures, Zapping, Le sel et le miel… On en pense ce qu’on veut mais voilà longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de comédies musicales à l’affiche en même temps. On se serait presque cru dans une rue de Londres.
Quelle est la ligne directrice du casting pour Le Roi Soleil ?
La production veut que « ça chante de la mort » ! Ils veulent une signature vocale, des voix très différentes et identifiables. Il y aura également des comédiens qui ne chanteront pas… mais s’ils savent tenir une note… c’est mieux ! En tout cas, tout le monde ? chanteurs compris ? doit avoir une âme de comédien et une certaine aptitude à la danse.
L’avantage du Roi Soleil, comme des Dix Commandements d’ailleurs, c’est l’absence de référence physique forte, contrairement à Autant en emporte le vent qui fait partie de l’imaginaire collectif et où les personnages principaux sont associés à un physique précis. Personnellement, ça me rendait fou quand on devait refuser quelqu’un de talent parce qu’il en ressemblait pas à l’image d’une version cinématographique tournée il y a plus de 60 ans…
Comment procédez-vous dans votre recherche ?
Tout d’abord, le directeur de casting est là pour bien comprendre le projet et les « donneurs d’ordres » (producteurs, metteur en scène…). Une fois ces éléments intégrés, il part à la chasse. Si le projet est plutôt discographique, comme ce fut souvent le cas, il va chercher des voix. La performance scénique passe au second plan. Mais les choses changent et tout se retrouve aujourd’hui au même niveau.
Pour procéder au casting, en dehors des petites annonces habituelles, je mène une recherche active avec mon équipe car je reste persuadé que de nombreuses personnes talentueuses ne se présentent pas à des auditions pour diverses raisons. J’envoie donc des gens au Printemps de Bourges, au Chorus des Hauts de Seine, aux Francofolies mais aussi dans les piano-bars, dans les réseaux rock… Personnellement, je sors beaucoup pour voir des spectacles… et je lis votre forum tous les jours. Parfois, ça me fait rire… parfois moins !
Pour Le Roi Soleil, vous allez aussi caster en province ?
En effet, nous serons en tournée de toute la France du 11 mai au 30 juin. A Paris, le pré-casting, qui ne concerne que les gens que je ne connais pas, aura lieu du 17 au 28 mai, le casting aura lieu en juin et dans un troisième temps, nous auditionnerons les artistes sélectionnés au dernier tour avec des chansons du spectacle.
Comment se déroulera le pré-casting ? Que devront chanter les candidats ?
En général, je suis plutôt pour que les candidats chantent quelque chose de leur choix, afin qu’ils soient à l’aise. Il y aura peut-être une chanson imposée, mais uniquement en cas de nécessité.
Pour le pré-casting, je dois ratisser large, je ne tiens pas compte que de mes goûts, je sélectionne aussi des gens auxquels je ne suis pas particulièrement sensible mais qui peuvent plaire à la production. Toutefois les gens que je retiens seront tous de talent.
Mais attention, si j’ai la mainmise sur le pré-casting, si je décide qui je vais présenter, au moment du casting direct, je ne suis qu’une voix parmi tant d’autres. Je peux donner un conseil mais je ne suis pas une voix décisionnelle. J’accompagne les artistes dans les épreuves, je les connais mieux que la production, je sais quand ils se plantent. Un directeur de casting, c’est un peu comme une mère maquerelle : il a ses coups de coeur et il essaye de les défendre. C’est un travail avant tout humain et il est très difficile de faire à comprendre à quelqu’un qui a du talent qu’il ne correspondra pas pour diverses raisons.
Il peut m’arriver aussi d’avoir un refus de la production mais de faire un travail souterrain ! Pour Autant en emporte le vent, j’ai tout de suite pensé à Sophie Delmas mais L’ombre d’un géant planait encore sur elle. Il a fallu que je m’y reprenne plusieurs fois.
Quels sont les secrets d’un bon casting ?
Pour faire un bon casting, il faut en avoir fait plein avant ! On découvre des artistes, on a des coups de coeur. Et si ça ne marche pas pour le casting en cours, ce sera peut-être pour le suivant. Et il ne faut pas oublier qu’au final, ce qui compte, c’est la rencontre d’un interprète avec des chansons.
Vous êtes également un des co-producteurs de Créatures qui rencontre un immense succès… Comment a commencé cette aventure ?
Les Créatures sont entrées dans ma vie par l’intermédiaire d’Alexandre Bonstein, en 1998. Il rentrait de New York où il avait joué le spectacle. Avec Jean-Christophe Bauzin, co-producteur, je lui ai proposé d’emmener son spectacle à Dublin où je venais de travailler. Créatures, c’est vraiment une histoire d’amitié, d’amour, de talent, de musique… C’est une famille ! J’en suis très fier. C’est vraiment très bizarre de vivre cette histoire de l’intérieur, avec un spectacle qui n’a pas été aidé et qui ne doit son succès qu’à la force du poignet. Et quand on travaille avec des talents tels que l’équipe de Créatures, on devient de plus en plus exigeant !