« Baissez les lumières, envoyez la musique, lancez les applaudissements… Je suis prêt(e) ! » C’est ainsi que Jacob [NDLR : le domestique de Georges et Albin] fait son entrée en scène, et c’est exactement ce que chaque membre de la troupe de La Cage aux Folles, à Broadway, pensait pendant les préparatifs pour la première.
Samedi 17 avril 2010
11 h : L’invitation pour la fête du lendemain mentionne « Tenue festive et délirante exigée, plumes optionnelles », et je voulais être à la hauteur, alors je me suis levé tôt ce matin pour acheter les toutes dernières touches de ma tenue de première. J’ai déjà apporté la veille certains vêtements, les cartes de vœux, les cadeaux pour la troupe et les équipes technique et créative. Dans ma loge, je finis de remplir les cartes et d’empaqueter les cadeaux : des bouteilles de champagne rosé français (!) que j’ai fait livrer au théâtre. On a beau se convaincre qu’il faudrait jouer en matinée et en soirée aussi naturellement que possible, l’excitation monte. Ce samedi soir sera la dernière occasion pour les journalistes de voir le show avant de finaliser leurs critiques ; dès le lendemain, à la seconde où le rideau s’ouvre la première, plusieurs seront déjà diffusées dans la presse.
22 h 50 : Après le deuxième show de la journée, on se rassemble tous dans un restaurant chic à deux pas du théâtre, à l’invitation de Sonia Friedman et David Babani, les producteurs de la Menier Chocolate Factory de Londres où cette nouvelle version de La Cage a connu un succès retentissant l’an dernier, mis en scène par Terry Johnson et chorégraphié par Lynne Page. Barry et Fran Weissler, les producteurs américains, ont vu ce show « réinventé » et ont proposé de le transférer à Broadway. La pression des previews est retombée un peu quand Sonia et David ont fait part de leur satisfaction en remerciant la troupe et toutes les équipes impliquées dans le projet.
Dimanche 18 avril 2010
9 h 45 : Je me réveille plus tôt que prévu et j’essaye de me détendre avec un café et un petit déjeuner, avant d’attaquer ce qui me reste de cartes à remplir. Habituellement, je prends le métro, mais aujourd’hui, j’ai beaucoup de choses à porter et je ne veux pas trop me stresser avec les autres usagers. Donc je prends le taxi.
15 h 57 : J’arrive au théâtre dont le foyer de l’entrée des artistes est littéralement inondé de fleurs à notre attention. Tout l’escalier menant à ma loge en est submergé. En ouvrant la porte, je vois que ma table de maquillage est couverte de cadeaux et de cartes me souhaitant « merde », « toï, toï, toï » et « break a leg ». Et du rose, partout ! J’ai pris mon champagne et mes cartes et j’ai commencé ma tournée pour offrir mes propres vœux. Je croise mes camarades occupés à la même tache. Il faut faire vite car la cérémonie tant attendue va commencer dans quelques minutes.
17 h 30 : Notre manager rassemble la troupe sur la scène pour la cérémonie de la « Gypsy Robe ». C’est une tradition sacrée de Broadway durant laquelle le membre de l’ensemble [« gypsy »] ayant participé au plus grand nombre de spectacles à Broadway [en tant que membre de l’ensemble] se voit remettre la « Gypsy Robe » [NDLR : croisement entre une robe de chambre et un kimono ], par la dernière personne à l’avoir reçue précédemment. Dale Hensley, notre doublure Zaza, la reçoit de Jim Borstelman, de The Adams Family et fait trois fois le tour de la scène afin que chacun touche le vêtement porte-bonheur. [NDLR : pour des informations très complètes (en anglais) sur cette tradition, reportez-vous à ce site.]
18 h : Le théâtre est animé comme une ruche une demi-heure avant le début du spectacle. La rumeur indique que certaines stars traversent déjà le tapis « rose » !
18 h 30 : C’est l’heure du lever de rideau ! Devant, le public s’agite et Lady Bunny, une célèbre drag-queen new-yorkaise, est priée de s’installer au dernier rang de l’orchestre, car son imposante coiffure bloque la vue des malheureux spectateurs placés derrière elle. La musique d’ouverture démarre et on baisse les lumières…
21 h 10 : On est fou de joie après notre représentation mais on sent monter les larmes quand Jerry Herman nous rejoint sur scène [lire notre interview de Jerry Herman en 1999]. Kelsey Grammer, notre Georges, et Doug Hodge, notre fabuleuse Albin / Zaza, l’embrassent tous deux avant que l’on reprenne tous un refrain de « The Best of Times ». On a du mal à croire que Jerry Herman, le génie qui a écrit La Cage aux Folles, Hello Dolly! et Mame, entres autres, est ici avec nous. On se rassemble dans les coulisses pour une photo avec notre extraordinaire compositeur avant de se précipiter vers sa loge afin de se préparer rapidement pour la fête.
21 h 30 : Un petit coup de taxi est on est à La Providence, le club où a lieu la fête. Ca commence déjà sur le trottoir où une femme joue de l’accordéon… Oh, très français ! [NDLR : en français dans le texte original] Après une séance de photos, place à la fête, rien que la fête ! Durant les festivités, je croise Jim Byk notre attaché de presse, qui me tend son Blackberry pour me faire lire la critique enthousiaste de Ben Brantley [NDLR : le critique du New York Times]. IL A ADORE !!! En fait, il s’avère que nous allions n’avoir que de bonnes critiques. Raison de plus pour faire la fête jusqu’au bout de la nuit !
Lundi 19 avril 2010
Dormir, se reposer… Je mets à jour mon profil Facebook et commence à mettre en ligne mes photos pour faire un album… Un jour de repos bien mérité !
Découvrez ci-dessous les photos de Christophe en coulisses, sur scène, et à la soirée de première.
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Plus d’infos sur La Cage aux Folles à Broadway, au Longacre Theatre.