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Blanche-Neige (Critique)

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Blanche-Neige, opéra d’après le con­te des frères Grimm. Tout pub­lic, à par­tir de 5 ans.
Musique : Mar­ius Felix Lange
Direc­tion musi­cale : Vin­cent Monteil
Mise en scène : Waut Koeken.
Tra­duc­tion et adap­ta­tion du livret : Ben­jamin Prins et Waut Koeken.
Avec Sahara Sloan (Blanche-Neige), Marie Cubaynes (la Reine), Huub Claessens (le Miroir), Alexan­der Schus­ter (le Chas­seur, le Nain Quartz), Lau­rent Deleuil (le Marc­hand ambu­lant, le Nain Pic), Guil­laume François (le Prince, le Pre­mier Cour­tisan), Anaïs Mahikian (la Nain chou­quette, un écureuil), Sévag Tachd­jian (le Nain Api, le Deux­ième Cour­tisan), Kristi­na Bitenc (le Nain Oups, une souris), Jérémy Duf­fau (le Nain Rubi), Andrey Zem­skov (le Nain Ourson).
Les musi­ciens de l’Orchestre Lamoureux.
Décors : Flo­ri­an Anger­er. Lumières : Glen d’Hae­nens. Cos­tumes : Car­men van Nyvelseel.

Notre avis :

Deux­ième opéra de Mar­ius Felix Lange, créé en 2011 à Cologne en alle­mand, puis en décem­bre 2012 à Col­mar (Opéra du Rhin) en français, Blanche-Neige suit fidèle­ment la trame des frères Grimm : on retrou­ve la fraîche et naïve héroïne aux cheveux d’ébène et aux lèvres couleur de sang, sa jalouse et cru­elle belle-mère de reine qui ne cesse d’interroger son miroir et qui ordonne au chas­seur de rap­porter le cœur de Blanche-Neige, laque­lle trou­ve refuge chez les sept nains avant d’être empoi­son­née par la pomme et d’épouser le prince char­mant. Les libret­tistes y ont saupoudré quelques pincées de références à notre époque qui fer­ont sourire les adultes (la Reine se fait con­seiller un recours à la chirurgie esthé­tique et a peur des kilos qu’elle pour­rait pren­dre en mangeant trop de pain d’épice) ; les nains ont été bap­tisés Api, Quartz, Pic, Oups, Our­son, Chou­quette et Rubi, et le Miroir est devenu un per­son­nage à part entière qui offi­cie égale­ment comme narrateur.

Loin des chan­sons de dessins ani­més qu’on peut sif­flot­er sans peine, la musique nav­igue ici dans un reg­istre résol­u­ment con­tem­po­rain, mais l’ensemble est large­ment acces­si­ble, même pour des non-ini­tiés. La par­ti­tion fait altern­er chant et pas­sages par­lés et, même si on com­prend une bonne part du texte, on aurait aimé ne pas avoir besoin des sur­titres pour saisir toutes les rimes, asso­nances et autres jeux de mots qui émail­lent le livret et qui ont mal­heureuse­ment ten­dance à faire long feu, per­dus dans des inter­valles har­moniques trop com­plex­es ou de par la dic­tion pas tou­jours idioma­tique de cer­tains chanteurs. La dis­tri­b­u­tion déploie par ailleurs une jolie palette de voix lyriques alliées à un sens du théâtre maîtrisé. Scénique­ment, l’ensemble fonc­tionne effi­cace­ment sans tomber dans un fig­u­ratif trop facile et tout en lais­sant place à l’imagination, grâce à des effets visuels réus­sis (en par­ti­c­uli­er, l’omniprésence de miroirs de toutes tailles, dont le plus grand con­stitue le cadre de scène), une bonne organ­i­sa­tion de l’espace et des cos­tumes bien caractérisés.

Des­tiné à un pub­lic « à par­tir de 5 ans », ce spec­ta­cle fait le pari auda­cieux d’offrir à de jeunes enfants leur tout pre­mier con­tact avec un genre aus­si exigeant par sa con­struc­tion que sincère par son ren­du, et réputé trop dif­fi­cile et sérieux (par les adultes cer­taine­ment !). Assuré­ment une belle entrée en matière.