Livret et paroles : René Richard Cyr
Musique : Daniel Bélanger
d’après Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay
Avec :
Marie-Thérèse Fortin : Germaine Lauzon
Guylaine Tremblay : Rose Ouimet
Maude Guérin : Pierrette Guérin
Sylvie Ferlatte : Angéline Sauvé
Kathleen Fortin : Des-Neiges Verrette
Michelle Labonté : Yvette Longpré
Suzanne Lemoine : Marie-Ange Brouillette
Hélène Major : Lisette De Courval
Christiane Proulx : Rhéauna Bibeau
Dominique Quesnel : Thérèse Dubuc
Monique Richard : Gabrielle Jodoin
Édith Arvisais : Lise Paquette
Marie-Evelyne Baribeau : Linda Lauzon
Maude Laperrière : Ginette Ménard
Janine Sutto : Olivine Dubuc
Anka Rouleau : Doublure
Geneviève Alarie : Doublure
Les Beaux-Frères :
Direction musicale et piano : Stéphane Aubin
Batterie et percussions : Martin Marcotte
Contrebasse et basse électrique : François Marion
Accordéon, claviers et trombone : Serge Arsenault
Résumé
La règle du jeu : 1965, Germaine gagne un million de timbres-primes à coller dans un catalogue promotionnel, genre La Redoute ou les 3 Suisses. 100 points pour une assiette, 1000 pour un coussin, etc.
Objectif : tout coller afin de tout recevoir gratos. Puis remeubler, redécorer, avec belle vaisselle et verres en verre. Elle appelle en renfort les soeurs, les belles-soeurs, les copines et les voisines. À quatorze, elles débarquent. Et elles collent, chantent, se racontent, s’affrontent. Plus on colle, plus les timbres disparaissent, car l’homme est bon même quand c’est une femme mais pas tout le temps. Et les confidences affleurent, drames, farces et révélations. Quinze femmes dans une cuisine. Sur un champ de bataille des humanités simples et rayonnantes, les belles-soeurs finissent mal la journée, mais en chansons, avec panache.
En 1968, Michel Tremblay crée l’événement en imposant sur la scène québécoise la langue parlée des Québécois. Première pièce en « joual », succès historique, traduite en plus de vingt-cinq langues, Les Belles-Soeurs balaye les convenances par un langage urbain, immédiat. Et Tremblay offre une vision cruelle et novatrice de tous les états de la femme. La soeur, la fille, la mère, la seule, la travailleuse, l’abusée, la vieille fille, la pute ou la puritaine. Quarante ans plus tard, avec la complicité de Tremblay, le plus lu des écrivains québécois, et du compositeur Daniel Bélanger, le metteur en scène René Richard Cyr transforme la pièce en théâtre musical. Il en fait un bouquet d’humanités féminines et d’énergies flamboyantes. Une deuxième vie pour Belles-Soeurs, triomphe outre-atlantique, porté par une fabuleuse troupe de bonnes femmes d’exception. Un événement.
Notre avis
Créée à Montréal en 1968, Les Belles-soeurs, la pièce de Michel Tremblay, incontournable auteur canadien, fut une véritable révolution, montrant pour la première fois des femmes du peuple, avec leur gouaille et leur franc-parler. Depuis, le succès ne s’est jamais démenti, faisant de cette oeuvre, la pièce canadienne la plus jouée dans le monde avec pas moins de vingt-cinq traductions différentes. En 2010, une version musicale, sous la houlette de René-Richard Cyr et Daniel Bélanger, a vu le jour à Montréal (lire notre critique). Nouveau triomphe. Le spectacle entame ensuite une tournée au Québec puis dépasse ses frontières pour faire la connaissance du public parisien pour une durée d’un mois, au Théâtre du Rond-Point.
Dans le paysage des spectacles musicaux parisiens, Belles-soeurs (pas d’article dans le titre du spectacle musical) fait sans doute figure d’OVNI : atypique, décalé, et, dans une certaine mesure, exotique. Il y a d’abord l’accent québécois auquel il faudra s’habituer (pas de surtitres) avec ses expressions imagées et ses couleurs à la fois charmantes et gouailleuses. Il y a la situation de départ (le gain des timbres-primes, système qui n’existe pas ici — voir l’explication dans le résumé plus haut). Et enfin, il y a ces personnages, toutes des femmes, de 20 à 90 ans, issues des classes populaires, plus proches des Vamps ou de certaines héroïnes du théâtre d’Alan Bennett que des icônes glamour de comédies musicales, type Nine. Tous ces ingrédients font de Belles-soeurs un spectacle musical ne ressemblant à aucun d’autre.
René-Richard Cyr explique dans le dossier de presse : « il ne s’agit pas d’une comédie musicale dans le sens américain, c’est un spectacle de théâtre musical, en alternant des scènes jouées et d’autres chantées. » La pièce originale comportait des monologues qui se sont naturellement transformés en chansons. Celles-ci alternent avec des scènes dialoguées, ainsi que des chansons de groupe. Le tout s’exprime dans une forme libre et décomplexée.
Dans un décor unique (la cuisine) mais savamment pensé, les comédiennes sont dirigées avec précision et générosité par leur metteur en scène, incarnant toute une galerie de femmes hautes en couleurs dont les ragots et le bingo semblent être les seules préoccupations. Les langues se délient, les secrets se dévoilent et les petites bassesses et noirceurs de l’âme humaine refont surface en dépit du prétexte festif et joyeux de la réunion. Sous ses airs de sitcom « camp » avec ses répliques vachardes et ses personnages parfois outranciers, Belles-soeurs trace le portrait de ces femmes, parfois fortes, parfois soumises, housewives plus que désespérées dans leur morne quotidien (n’oublions pas non plus de replacer le texte dans l’époque où il a été écrit, soit à la fin des années 60). Ce musical prouve — à ceux qui pourraient éventuellement faire l’amalgame — que les spectacles musicaux venant du Québec ne sont pas forcément des machines pour chanteuses à voix. Ces Belles-soeurs ne manquent pas de voix mais ont un atout de taille : une personnalité tout à fait originale !
Lire nos interviews de Maude Guérin, Hélène Major, Kathleen Fortin.
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