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Avenue Q (Critique)

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Avenue Q, est un pas­tiche de 1 rue Sésame pour adultes. Trou­ver sa place dans le monde, un sens à sa vie c’est le lot de tous, jeunes bien sûr mais aus­si moins jeunes. Comme le dit Prince­ton, un des per­son­nages : « J’irais pas loin, même avec un bac + 20 ». Pour­tant, ce sont eux qui, en sur­fant sur le net, déclenchent aujourd’hui des révo­lu­tions en Tunisie, en Egypte, en Espagne…mais sur l’Avenue ils restent scotchés sur des sites Pornos et font du sur place. Pour­tant tous pensent à la même chose : trou­ver l’amour et un sens à tout ça.

Mais y a‑t-il seule­ment un sens ?

Avenue Q, c’est donc « 1 rue Sésame » qui aurait eu un enfant avec « South Park ». C’est la comédie musi­cale anglo-sax­onne par excel­lence. Une impérieuse joie de vivre bâtie sur du dés­espoir mais avec d’énormes morceaux d’amour dedans.

Avenue Q, c’est Qar­ré­ment poilant !

Notre avis :

Avec ses dix mil­lions de spec­ta­teurs dans le monde et son pres­tigieux pal­marès, il reste à Avenue Q à con­quérir le pub­lic français. Un objec­tif qui sem­ble à portée de main puisque ce spec­ta­cle est un con­den­sé de tal­ents à tous les niveaux.
D’abord l’histoire, qui au tra­vers de tru­cu­lents per­son­nages, dresse un  tableau très satirique de notre société. L’humour, la déri­sion, et les références cultes sont extrême­ment présentes et font large­ment rire le pub­lic à gorge déployée.
Côté mise en scène, les mar­i­on­nettes font la par­tic­u­lar­ité de ce show et l’effet est très réus­si. Les comé­di­ens qui leur don­nent vie les maîtrisent avec une grande aisance, ce qui laisse vrai­ment toute la place à l’émotion du moment. Et si au départ, le regard s’attarde sur les comé­di­ens qui les ani­ment, on se sur­prend au fur et à mesure à se focalis­er unique­ment sur les mar­i­on­nettes, jusqu’à en être très ému. La magie opère parfaitement.
Men­tion spé­ciale à Shirel (en alter­nance avec Prisca Demarez) qui dévoile ses tal­ents de comique en incar­nant deux rôles (Kate Mon­ster et de Lucy la Salope) à l’opposé tant sur le reg­istre musi­cal et théâtral.
Côté scéno­gra­phie, on plonge directe­ment à New York grâce à des décors au style pure­ment anglo-sax­on. Le quarti­er est par­faite­ment représen­té par ses maisons de briques qui s’ouvrent et s’illuminent selon l’action. Anne Louizos signe ici des décors réal­istes et plein de charme.
Côté musique, on retrou­ve avec plaisir tous les codes de la comédie musi­cale. Les mélodies sont légères et entraî­nantes à souhait. Un vrai petit bon­bon sucré. Telle­ment d’ailleurs que cer­taines chan­sons cen­sées être dérangeantes comme « Tout le monde est titi peu raciste » prê­tent à sourire ou car­ré­ment à rire quand l’un de nos min­istres est taclé en pub­lic… Bruno Gac­cio signe une belle adap­ta­tion, pleine de piquant. Il reste de nom­breuses allu­sions améri­caines mais celles-ci font mouche pour la plupart.
En résumé, ce spec­ta­cle, extrême­ment abouti, vous fera pass­er un savoureux moment.
A recom­man­der d’urgence en ces temps maussades !