De Bertolt Brecht, musique de Kurt Weill
Mise en scène : Laurent Pelly
Avec Véronique Vella: Celia Peachum
Thierry Hancisse: Mackie Messer
Sylvia Bergé: Jenny-La-Bordelière
Bruno Raffaelli: Jonathan Peachum
Jérôme Pouly: Matthias et Un mendiant
Laurent Natrella: Tiger Brown
Christian Gonon: Ficlh
Léonie Simaga: Polly Peachum
Serge Bagdassarian: Le chanteur de complaintes, Le pasteur Kimball et Un mendiant
Marie-Sophie Ferdane: Lucy
Stéphane Varupenne: Walter, Un mendiant et Un flic
Nâzim Boudjenah: Smith
Félicien Juttner: Jacob et Un mendiant
Pierre Niney: Robert et Un flic
Jérémy Lopez: Jimmy et Un flic
Et les Élèves-comédiens de la Comédie-Française:
Armelle Abibou: Une fille du bordel
Marion Lambert: Une fille du bordel et Une mendiante
Ariane Pawin: Une fille du bordel et Une mendiante
Antoine Formica: Les flics et Les Mendiants
Samuel Martin: Les flics et Les Mendiants
François Praud: Eddy, Un Mendiant et Un flic
Et:
Florence Pelly: Une fille du bordel
Angélique Rivoux: Une fille du bordel
Mélody Marie-Calixte: Une fille du bordel
De temps à autre, la prestigieuse Comédie-Française fait entrer du théâtre musical à son répertoire. Ce fut le cas en 1997 avec La vie parisienne d’Offenbach, dans une mise en scène de Daniel Mesguich. Aujourd’hui, c’est au tour du célèbre Opéra de quat’sous, pièce de théâtre musicale écrite en 1928 par Bertolt Brecht et Kurt Weill. Révolutionnaire en son temps, tant par son propos politique et caustique que par sa forme éclatée, éclectique et non conventionnelle, l’oeuvre de Brecht et Weill a marqué le théâtre musical, posant des jalons qu’emprunteraient plus tard, à Broadway, les Kander et Ebb.
Pour cette entrée au répertoire, le Français a fait appel à Laurent Pelly dont le talent à mettre en scène des spectacles musicaux (Souingue, C’est pas la vie, La Belle Hélène) n’est certainement plus à prouver. Le parti pris de Pelly est d’abord de transposer le Soho des années 20, grouillant d’escrocs, de faux mendiants et de putains, à notre époque actuelle. Sur fond de guerre des gangs, où l’amour de l’argent et du pouvoir prime sur la moralité, Pelly nous raconte l’histoire de Mackie, malfrat et séducteur effréné, qui épouse Polly, la fille de son adversaire.
Si la modernité des décors (étonnante scénographie de Chantal Thomas) peut d’abord surprendre, on se laisse gagner par l’étrange atmosphère qui s’en dégage, entre lignes contemporaines et triste désuétude (un parfum de seventies avec ses néons blafards). La transposition fonctionne plutôt bien, tant le propos semble pouvoir traverser toutes les époques. Pelly dirige ses comédiens avec précision. Thierry Hancisse campe un étonnant Mackie, Véronique Vella est une terrifiante Celia et les femmes qui se disputent les faveurs de Mackie (Léonie Simaga, Marie-Sophie Ferdane et Sylvia Bergé) ajoutent une touche de fraicheur, d’humour et de vulnérabilité dans ce monde noir et cynique.
On peut regretter quelques longueurs et le fait que les voix ne soient pas toujours à la hauteur de la partition (dirigée par Bruno Fontaine) mais on se réjouit néanmoins de voir que le vénérable Français a intégré une œuvre musicale, et on se prend à rêver que d’autres suivent ce chemin… plus fréquemment qu’une par décennie.