
Arnaud, comment avez-vous choisi de vous diriger vers une carrière artistique ?
Au départ, j’envisageais de faire un DEUG Communication mais comme j’avais fait un stage au Cours Florent durant l’année de mon bac, j’ai décidé d’essayer cette voie. Je suis donc arrivé à Paris à 18 ans et me suis inscrit au Cours Florent.
L’univers musical s’est présenté à moi par le biais d’une audition pour Roger Louret. Et c’est ça qui m’a mis le pied à l’étrier.
Parlez-nous de votre expérience au sein de la troupe…
J’ai commencé à travailler avec Roger Louret quand j’avais vingt ans. J’y ai appris le professionnalisme et la rigueur, notamment dans l’aspect musical, à savoir le chant et la danse. A l’époque, je n’avais pas encore cette rigueur du chant.
Ca m’a permis aussi d’approcher de belles scènes et de découvrir l’univers de la télévision et du show-biz par le biais de l’émission Les Années Tubes. A vingt ans, c’est marrant de vivre ça de l’intérieur… mais on en voit aussi les revers. En tout cas, c’est une expérience qui m’a beaucoup enrichi professionnellement même si j’ai eu besoin d’en sortir au bout de deux ans et demi pour rencontrer d’autres gens. En tout cas, je ne renie absolument pas cette période. J’y ai fait des rencontres formidables avec des gens avec qui j’ai toujours envie de travailler.
En 1999, vous avez joué dans La Cage aux Folles, la version comédie musicale. Quel souvenir en gardez-vous ?
Ca a été aussi une belle expérience mais avec du recul, je me dis que c’est peut-être arrivé trop vite pour moi, du moins, en ce qui concerne l’aspect musical. Je n’avais pas encore toutes les armes pour me défendre en termes de technique vocale. Et puis l’aventure a capoté rapidement.
A la suite de ça, je me suis remis en question. J’avais enchaîné pendant plusieurs années sans m’arrêter et là,
j’ai eu envie de me poser et de reprendre des cours de théâtre, car même dans le musical, j’essaie toujours d’avoir une démarche de comédien.
J’ai donc intégré l’école du Sudden Theatre avec Raymond Acquaviva pendant trois ans.
Vous faites partie de la troupe du Soldat Rose depuis sa création au Casino de Paris, et vous allez reprendre votre rôle au Palais des Congrès. Pouvez-vous nous parler de ce spectacle ?
Le Soldat Rose, C’est un spectacle tout en couleurs, avec des personnages traités sur un mode BD, cabaret, fantaisie… Corinne et Gilles Benizio [NDLR : les metteurs en scène] ont vraiment voulu souligner cet aspect naïf et décalé.
Pour ma part, j’interprète plusieurs personnages et c’est un vrai plaisir d’incarner successivement un pirate — avec un clin d’oeil obligé à Jack Sparrow — puis le gardien de nuit — une sorte d’ogre, de figure qui fait peur — puis un nain !
Vous êtes également à l’affiche d’un autre spectacle jeune public, Aimé et la Planète des Signes.
Oui, et je trouve que Jean-Marie Leau a écrit un très beau spectacle, avec des personnages très poétiques. En même temps, il y a un message de fond, sur la perte du vocabulaire et de la grammaire dans une société envahie par la technologie. Le thème est très joli et très éducatif. Et on sent que les enfants réfléchissent. Ils viennent nous voir après le spectacle et nous disent « Il faut écrire les mots en entier ! » ou « C’est important la ponctuation ! » (rires)
Est-ce différent de jouer dans un spectacle pour enfants plutôt que pour adultes ?
On a tendance à minimiser ou à dénigrer les spectacles jeune public. Pour ma part, je trouve qu’en tant que comédien, j’ai d’autant plus de responsabilités. Il faut s’adresser aux enfants comme on s’adresse aux adultes, avec la même énergie, la même sincérité, la même implication. Les enfants sont le public de demain. Et personnellement, je trouve très beau leur émerveillement neutre et spontané. Quand on rencontre les enfants après une représentation du Soldat Rose, on a parfois des réactions très touchantes. Même après le spectacle, ils gardent leurs yeux émerveillés, ils restent dans le rêve. Certains pensant que je suis un pirate, me demandent si je suis venu en bateau. C’est amusant de continuer à les faire rêver, même dans cet après-spectacle.
Quels sont vos projets après Le Soldat Rose et Aimé ?
Je vais jouer avec la Compagnie Sans Chapiteau Fixe une pièce de Fabrice Melchio, un auteur contemporain. La pièce s’appelle Le Diable en partage et traite de la guerre en ex-Yougoslavie dans les années 90. On y voit une famille et ses réactions humaines face à la guerre. Il y a ceux qui restent, ceux qui fuient, ceux qui résistent et ceux qui sombrent dans la violence.
C’est un plaisir de me confronter à un personnage complexe.
J’ai envie de travailler dans mes retranchements, d’aller plus en profondeur, vers des choses plus brutes.