Antoine Jully a toujours vécu pour la danse et cette passion débute dès son plus jeune âge. « J’ai commencé la danse à cinq ans, nous explique-t-il. Ma mère m’y avait inscrit avec mes deux frères mais je suis le seul qui ait continué car j’avais un bon niveau. J’ai su tout de suite que ça allait devenir mon métier. A 11 ans, j’ai fait mes premiers pas sur scène. » Et pas des moindres, puisqu’il est dirigé par Maurice Béjart dans un spectacle célébrant le bicentenaire de la Révolution Française. « Je savais qui était Béjart mais je n’étais pas plus impressionné que ça, j’étais juste content de travailler avec ce grand chorégraphe, se souvient-il. »
De fil en aiguille, Antoine continue la scène et se retrouve aux côtés de Chantal Goya dans L’étrange histoire du château hanté, en 1991. « Dans ce spectacle, il y avait du chant, du texte, c’était si différent de ce que j’avais fait jusqu’à présent, explique-t-il. Ca m’a énormément plu et ça m’a donné envie de continuer dans le théâtre musical. » Souhait qui est exaucé puisqu’il enchaîne avec le Peter Pan mis en scène par Alain Marcel. « Je garde un souvenir extraordinaire de Peter Pan. C’était une très bonne expérience au niveau humain. Alain Marcel était très gentil avec les enfants. Et puis il y avait un côté show-biz qui n’a rien à voir avec la danse classique, c’était amusant. »
Après cette première approche du théâtre musical, Antoine continue sa formation dans la danse classique en intégrant le corps de ballet du prestigieux Royal Ballet de Londres. « J’avais envie de découvrir ce qui se passait à l’extérieur, apprendre l’anglais, vivre une nouvelle aventure. J’y ai appris énormément de choses. En France, on met l’accent sur la maîtrise du corps, tout doit être absolument parfait techniquement. C’est très difficile de tout contrôler quand en plus, tu dois être positionné exactement comme ton voisin. En Angleterre, on est un peu plus relax mais en revanche, on attache beaucoup d’importance au jeu. C’est une approche différente. Là-bas, la danse est quelque chose qui vient du coeur, on s’intéresse plus à ce que tu as envie de donner qu’à la propreté du mouvement. Sur toutes ces années, ma formation de danseur m’a appris à connaître mon corps, jouer avec. »
Ces années anglaises lui permettent également de découvrir d’autres comédies musicales. « J’ai vu Les Misérables, Notre Dame de Paris, Mamma Mia !, Starlight Express, The Lion King… Mais j’étais tellement pris par le travail que je n’ai pas songé à passer des auditions. Et puis, j’avais envie de rentrer en France. » C’est à ce moment-là qu’il entend parler des auditions pour Cindy qui tombent à point nommé. « J’avais envie de retrouver les émotions que j’avais eues dans le théâtre musical, sortir un peu de la danse classique, explique-t-il ». Après quatre auditions, il est engagé dans la troupe et le travail de création avec Martino Müller, le chorégraphe, commence à Caen. « La création est vraiment un échange. Parfois, Martino nous mettait une musique et demandait à chaque danseur de créer une chorégraphie. Puis, on mélangeait tout ça. Cela permet à un chorégraphe de connaître le style, la technique d’un danseur. Dans Notre Dame ou Cindy, les danseurs sont vraiment mis en valeur, ils ne sont pas là pour faire le poirier dans le fond ! En plus, dans ce spectacle, on chante deux morceaux avec tout le monde, il y a un vrai contact entre les danseurs et les chanteurs. »
Si on lui demande quels sont les conseils qu’ils pourraient donner à des aspirants danseurs, Antoine est catégorique. « Il n’y a qu’une règle : la discipline. Il faut savoir écouter, être attentif, correct, avoir du respect pour les professeurs car eux en ont pour nous. Il faut aussi apprendre à se connaître pour pouvoir travailler en fonction de ce qu’on sait faire. C’est un métier difficile physiquement mais quand on est sur scène, on n’a pas le choix. A 40 ans, on est un peu cassé de partout mais c’est un choix qu’on fait et ça reste un plaisir. Lorsque l’on est sur scène, on ne voit pas toujours le public mais on ressent quelque chose qui vous arrive à la face. Il faut savoir être à l’écoute du public et lorsqu’il est debout à le fin d’un spectacle, c’est une énorme récompense. »