

Des personnages taillés sur mesure pour leurs interprètes
« Très tôt, on a été en contact avec les auteurs, ce qui fait qu’on a des personnages sur mesure » explique Steeve. A ce propos, il ne tarit pas d’éloges sur Mme Cassim . « C’est un personnage fascinant. C’est quelqu’un qui peut vous embobiner mais en même temps, elle séduit tout ce qui bouge. C’est machiavélique parce qu’elle veut le pouvoir. Mais je crois qu’elle veut surtout qu’on la respecte, qu’on la regarde, qu’on sache qu’elle existe. » Quant à l’intéressée, elle semble attendrie par la gentillesse de son mari. « Il a un bon fond, il veut tout faire pour plaire à sa femme. Il aime que sa famille soit réunie, que tout le monde s’entende bien. Il ne veut pas qu’il y ait de drame et finalement, il se retrouve dans des situations que ne lui plaisent pas forcément. » Des personnages, qui sous leurs aspects cartoonesques, ont longuement été travaillés avec le metteur en scène. « Joël Lauwers est quelqu’un qui adore analyser les rapports humains et les psychologies de chacun, explique Ann’So. Dans des personnages qui auraient pu paraître caricaturaux, il est allé chercher toute une palette, il nous aide à développer plein de facettes différentes, des choses qui sont peut-être très discrètes mais qui nous nourrissent et font qu’on ne va jamais s’embêter à jouer notre rôle. »
L’étape toulonnaise de cet été leur a permis de rôder le spectacle sur scène et de créer une complicité au sein de la troupe. « Ca a été une vraie possibilité de se rencontrer les uns les autres. On était tous impliqués, il n’y avait pas d’échappatoire, c’était très dense » raconte Ann’So. « C’est là que la troupe d’Ali Baba s’est formée, les amitiés, les private jokes, toutes ces bêtises qui font qu’on forme une équipe » ajoute Steeve. « Ce qui est chouette dans cette troupe c’est que personne n’est une star ou n’a déjà fait des preuves extraordinaires, donc on est tous au même point où on a tout à donner, tout à prouver. C’est ce qui nous a liés » confie Ann’So.
Et à quelques jours de la première parisienne, comment se sent notre duo de choc ? « Ramollos du ciboulot, jambe de bois et tra la la ! » dit Ann’So en riant. « Paris, c’est un sacré cap, ajoute-t-elle, on sait tout ce que ça implique. On arrive avec tous nos rêves. On a les jambes molles et on a peur de ne pas y arriver. Jusqu’à l’instant où je suis sur scène, j’ai l’impression que je n’arriverai pas à chanter. » « On est soudain pris de maladies incroyables mais après le spectacle, on n’a plus rien ! La veille du spectacle de Toulon, j’ai fait une série de cauchemars, c’était terrible ! » raconte Steeve.
Vocations précoces
Depuis toujours, les deux comparses sont fascinés par les feux de la rampe. « Moi, ça a commencé au lycée, précise Ann’So. Je me suis toujours débrouillée pour qu’on monte des pièces à la fin de l’année. A un moment donné, je me suis retrouvé dans un lycée uniquement théâtral et le professeur a monté un opéra-bouffe d’Offenbach. Il fallait savoir chanter, il y a eu des auditions et il s’est avéré que j’avais une belle voix ! Voilà comment ça a commencé ! » Pour Steeve, la vocation semble tout aussi précoce. « Je voulais être clown, je me suis retrouvé à neuf ans à l’Ecole du Cirque d’Annie Fratellini. C’était très sérieux et là je me suis rendu compte que ce que je voulais, c’est faire rire, et ça me saoûlait un peu de faire du trapèze et tout ça… Je suis allé dans une école de théâtre à 12 ans, et ensuite, ma tante qui était chanteuse de jazz m’a emmené au Petit Conservatoire de Mireille. J’y suis entré en voulant faire des sketches, et c’est Mireille qui m’a fait chanter. »
Pour Steeve, la comédie musicale fait aussi partie de son enfance. « J’ai passé ma vie à être devant tous les films musicaux d’Hollywood : Funny Girl, Les hommes préfèrent les blondes… Chorus Line, je connais les répliques par coeur. La comédie musicale, c’est le top pour un artiste car il s’exprime dans tout ! » déclare-t-il avec enthousiasme. Et quand sa partenaire explique qu’elle n’est pas experte en la matière, Steeve lui lance « Ta vie est une comédie musicale ! ». « Je suis dans un film permanent, je chante toute la journée, je raconte des conneries en chantant ! » conclut Ann’So.
Et le futur s’annonce-t-il chantant ? « Ma vie, c’est d’être sur scène, que ce soit pour chanter ou faire des sketches, explique Ann’So. La comédie, c’est aussi important que le chant. J’ai envie de me battre pour être sur scène. J’ai l’impression d’être venue au monde pour exprimer, pour éprouver des sensations et plus on m’en donnera à vivre, plus je serai contente. » « La scène, pour moi, c’est un équilibre », ajoute Steeve. « Quand je ne suis pas sur scène, j’ai besoin de faire mon show ! Mais quand je sais que chaque soir, je peux faire mon show, je suis plus posé. Je n’envisage pas la vie sans la scène mais j’ai aussi des envies d’albums, de cinéma, de plein de choses… »
A la veille de la première, que leur souhaiter ? « Que ça marche pour qu’on puisse s’envoler de nos propres ailes » répond Ann’So. « Qu’on puisse s’engager dans d’autres aventures, partir vers d’autres folies » ajoute Steeve. Pas de doute, ces Cassim sont en phase.