Accueil Critique Andromaque, fantaisie barock’ (Critique)

Andromaque, fantaisie barock’ (Critique)

0
Andromaque, fantaisie barock’ (Critique)

De Pierre Lericq.
Mise en scène : Pierre Lericq.
Avec Les Épis Noirs : Anaïs Ancel, Muriel Gaudin, Fab­rice Lebert & Pierre Lericq.

Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andro­maque, qui aime Hec­tor… qui est mort.

Après l’Odyssée, la Genèse et Antigone, Les Epis Noirs déraci­nent Andro­maque ! Une fan­taisie barock’ où se mêlent et s’entremêlent bur­lesque et tragédie, chant et danse… avec La Mort comme maîtresse de céré­monie. Inra­con­table et ent­hou­si­as­mant, inclass­able mais indis­pens­able, ils déroulent leur farce épique avec une folie savoureuse et une énergie débridée.

Notre avis :

Les Epis Noirs revi­en­nent avec leur nou­veau spec­ta­cle pour notre plus grand plaisir. Déjà très inspiré par la mytholo­gie grecque (Ulysse, Antigone) dans ses précé­dentes pro­duc­tions, Pierre Ler­icq, créa­teur des Epis Noirs, « déracine » cette fois Andro­maque et une fois de plus il en fait un instant de théâtre musi­cal mag­ique et unique. Sur la scène trans­for­mée en piste de cirque, le troupe des Epis Noirs revis­ite la tragédie de Racine avec une rafraîchissante lib­erté où loufo­querie et bur­lesque alter­nent avec des moments d’une inten­sité poignante. Ponc­tué de jeux de mots, cer­tains volon­taire­ment un peu lourds d’autres beau­coup plus sub­tils, le texte est tan­tôt décalé, léger, absurde, déli­rant, tan­tôt poé­tique, lyrique et bien évidemment…tragique. Pierre Ler­icq parvient à nous faire rire en plein drame sans rien enlever à l’émotion de la sit­u­a­tion. Les chan­sons, bien qu’on ne com­prenne pas pourquoi trois d’entre elles sont en anglais, s’intègrent par­faite­ment et appor­tent une force sup­plé­men­taire à l’histoire en illus­trant le plus sou­vent les sen­ti­ments tour­men­tés intéri­or­isés des pro­tag­o­nistes. La musique est jouée par les comé­di­ens qui passent naturelle­ment de leur per­son­nage à leur instru­ment et ne quit­tent ain­si jamais la scène. Pierre Ler­icq, impayable dans le rôle de Pyrrhus et de la Mort en maîtresse de Céré­monie (idée géniale), a su s’entourer de trois comé­di­ens-chanteurs au tal­ent fou qui savent jouer toute la palette des sen­ti­ments tant par le texte qu‘avec leur corps, aus­si à l’aise dans le comique boule­vardier que dans la tragédie. Anaïs Ancel inter­prète une piquante Hermione en femme fatale, Muriel Gaudin une belle et touchante Andro­maque et Fab­rice Lebert un incroy­able Oreste, naïf, fou et attachant. Dans une mise en scène tournoy­ante (piste de cirque oblige), décalée et énergique, ces artistes généreux se don­nent à fond pour nous faire vivre un bien beau moment. Un spec­ta­cle emballant !