Pour la troisième fois depuis 2010, l’Orchestre Pasdeloup est dirigé par la baguette de l’incontournable chef David Charles Abell (Sweeney Todd, Into The Woods, On The Town au Châtelet pour n’en citer que quelques uns) et accompagne la magnifique voix de Liz Callaway (Miss Saigon, Cats à Broadway…). « Faire un troisième concert avec l’Orchestre Pasdeloup est tellement gratifiant » confie la chanteuse américaine. « Et j’ai hâte de chanter à la Philharmonie dont j’ai tellement entendu parler. J’aime Paris et j’adorerais y chanter tous les ans ou tous les deux ans ! »
« Le spectacle vivant est fait de rencontres avec des artistes » déclare Marianne Rivière, présidente de l’Orchestre Pasdeloup. « Quand le courant passe bien, on s’aperçoit que ce sont des riches personnalités, avec beaucoup de connaissances, un très beau répertoire et ça donne toujours envie d’aller plus loin. On peut imaginer qu’il y aura d’autres projets ! »
Pour ce concert autour de la figure féminine, semaine des droits de la femme oblige, la sélection des chansons pour ce concert s’est fait très en amont, le programme étant annoncé très tôt. « David et moi nous sommes vus pour déjeuner à New York, il y a plus d’un an et nous avons échangé nos suggestions » se souvient Liz Callaway.
« Dans la musique symphonique et lyrique, la figure féminine a toujours inspiré les compositeurs : la plupart des opéras sont des histoires de femmes » ajoute David Charles Abell. « Pour Liz, on a pensé consacrer chaque chanson à une chanteuse : de jazz, de pop, de théâtre musical. De plus, on voulait attirer aussi le public des environs de la Philharmonie : des gens qui ne vont pas forcément aux concerts symphoniques. Du coup, on a le programme, le plus éclectique que j’aie jamais vu : ça va de Rimski-Korsakov à La Reine des Neiges ! »
« Il y a beaucoup de chansons que je chante pour la première fois » explique Liz. « J’ai commencé à les apprendre dès le mois de décembre car j’ai beaucoup de concerts avec de nouvelles chansons et je voulais prendre de l’avance. Je m’entraîne beaucoup dans ma voiture, et là, c’est très intéressant d’être debout et de ne pas avoir un volant dans les mains ! »
Cet éclectisme et cette ouverture sur des genres plus populaires n’est pas pour déplaire à l’Orchestre Pasdeloup. Un défi ? « Plutôt une envie de découvrir » précise Roland Chosson, secrétaire général de l’Orchestre Pasdeloup. « Ce n’est pas un défi car un orchestre symphonique est destiné à jouer de la musique. On a prouvé plus d’une fois qu’on était attiré par tous les genres de musiques, les transversalités ne nous font pas peur. Et avec Liz Callaway qui est d’un professionnalisme extraordinaire, en plus d’être une artiste remarquable, c’est un plaisir. »
« Je travaille avec beaucoup d’orchestres dans le monde entier, parfois certains sont un peu dédaigneux quand on leur propose de la musique pop » renchérit Liz Callaway. « Mais l’Orchestre Pasdeloup est très enthousiaste et à l’écoute. »
Devant une telle variété des morceaux choisis, on peut se demander de quelle manière le chef d’orchestre appréhende sa direction. « Pour moi, la technique est absolument pareille » explique David Charles Abell. « Du point de vue de la direction, je fais la même chose, il y a juste des défis différents pour chaque numéro. Mais mon but est toujours de raconter une histoire avec la musique, que ce soit avec La Reine des neiges que Schéhérazade. Mais il est important de bien connaître chaque style. Ils sont différents entre La Reine des neiges que Schéhérazade, comme entre Mozart et Wagner, Kander & Ebb et Jason Robert Brown ou même Rodgers & Hammerstein et Rodgers & Hart. »
Néanmoins, il y a parfois des indications plus spécifiques à donner à un orchestre français. « Je ne fais que de la musique américaine avec les orchestres français » souligne David Charles Abell. Mon point de vue, c’est donc de les former à ce style. Pour les Français, le style américain peut sembler un peu ‘vulgaire’. Aujourd’hui, j’ai dit aux cuivres : ‘La prochaine fois, je veux que ce soit plus vulgaire. Et par ‘plus vulgaire’, je veux dire ‘plus américain’ !’ En France, les cuivres jouent de façon plus raffinée. Dans le style américain, même pour les orchestres symphoniques américains, les cuivres sont plus présents, plus impertinents. Il faut jouer la musique américaine comme ça, même chez Gershwin, Bernstein ou Copland. Il faut permettre aux Français d’être un peu plus vulgaires et de se lâcher ! »
De toutes ces rencontres et ces mélanges, on retient un esprit d’ouverture. « On tisse des liens avec le public » explique Marianne Rivière. « Il nous fait confiance, aime les risques qu’on prend, il sait aussi qu’on va lui offrir des œuvres qu’il a envie d’entendre. Le public aujourd’hui est plus ouvert et n’a pas envie de se restreindre à un répertoire limité. Il y a une souplesse à la fois du public et des musiciens. »
« La culture musicale des musiciens professionnels actuels s’ouvre beaucoup » confirme Roland Chosson. « Il y a un intérêt pour les répertoires non spécifiquement symphoniques. Et il y a des musiciens qui font du jazz ou de la variété en dehors de l’Orchestre Pasdeloup… et tant mieux ! »
« On peut être surpris, en tant qu’individu, par la nouveauté, mais l’ensemble fait qu’on a toujours envie de réussir à faire un bon concert c’est une énergie positive incroyable et le public sent cette passion et cette volonté . C’est ça l’esprit Pasdeloup ! » conclut Marianne Rivière.
American Dreams le dimanche 13 mars 2016 à la Philharmonie de Paris
Lire nos précédentes interviews :
Liz Callaway
Liz Callaway
David Charles Abell
Marianne Rivière