

Comment avez-vous abordé le monde du théâtre ?
Mais je suis née dedans! En effet, mes parents ont toujours eu une compagnie de théâtre musical pour enfants (« Patchwork » de Patrice Landré et Oona Hodges). J’ai donc passé toute mon enfance à baigner dans cet univers et très vite j’ai su que j’y resterai toujours, ce qui n’est, par exemple, pas le cas pour mon frère. Cependant, j’ai suivi une formation très sérieuse en comédie, en chant et même en acrobatie, et mes parents m’ont clairement signifié qu’il fallait que je trace mon chemin toute seule !
Quel a été votre premier rôle ?
Mon premier rôle important, j’étais encore assez jeune, était celui d’Esther dans la pièce de Racine, au Théâtre du Ranelagh. Juste après, en 2000, j’ai intégré une troupe anglo-saxonne pour jouer et chanter en anglais ! le rôle de Marie-Madeleine dans Godspell à l’Eglise Américaine. Il y a eu ensuite un spectacle autour de la magie (Abracadabra au Sudden Théâtre) qui fut une expérience étonnante et non dénuée d’intérêt. Mais c’est surtout l’alternance des rôles de Blanche-Neige et de la reine dans la mise en scène de Jean-Luc Moreau aux Folies Bergère qui a été un véritable cadeau pour moi. Tenir l’un ou l’autre rôle dans une même pièce m’a vraiment permis d’exploiter beaucoup de ressources en moi, aidée en cela par la grande liberté que nous laissait le metteur en scène pour faire des propositions qu’il savait ensuite exploiter pour nous emmener encore plus loin qu’on l’imaginait soi-même.
Puis vint le Violon sur le Toit…
Oui. J’ai passé une audition ouverte, avec bien sûr en vue un des trois rôles de soeurs. J’ai finalement eu le rôle de la plus jeune soeur, au caractère très affirmé, d’une grande douceur mais n’hésitant pas à arracher les portes de la tradition que ses deux soeurs aînées ont précédemment et courageusement entrouvertes. Dans ma façon de travailler le rôle, qui est quand même celui d’une gamine de 16 ans, j’ai essayé de moderniser cette image d’une adolescente rêveuse et sensible en la rendant volontaire et sûre d’elle. Je suis vraiment très fière de faire partie de cette aventure qui est une magnifique rencontre, aussi bien d’un point de vue professionnel qu’humain. La nature même de la pièce opère une forme de magie sur toute l’équipe, grâce à son beau message d’amour, de liberté et d’humanité, tout cela astucieusement évoqué à travers le sujet lui-même, les chansons, l’humour toujours présent malgré les instants d’émotion ou de tragédie. Pour moi, l’intérêt fondamental de cette oeuvre, et en particulier dans le cadre de mon personnage, est l’incroyable promotion de l’émancipation de la femme et la façon dont chacune des femmes de la pièce va la vivre. C’est malheureusement encore et toujours un sujet brûlant d’actualité, car n’oublions pas qu’aujourd’hui encore dans le monde des millions de femmes ne sont pas maîtresses de leur destin, et subissent des mariages arrangés voire forcés.
Est-ce que la présence de votre vraie maman dans la pièce vous apporte quelque chose de différent ?
Oui bien sûr car, enfin, je joue avec ma mère, alors que je n’ai jamais eu l’occasion de le faire dans sa propre compagnie ! Ma maman joue en alternance le rôle de la Grand-Mère dans la scène du rêve, et une fois par semaine celui, principal, de la mère (avec Isabelle Ferron en rôle-titre), donc de ma mère dans la pièce. Il est évident que dans certaines scènes, je ne peux empêcher une certaine forme de confusion dans nos rapports mère-fille qui influence certainement notre façon de jouer respective car l’émotion dans nos échanges est innée et se répercute plus naturellement dans la pièce.
Quels sont vos projets actuels ou à venir?
Je joue également en ce moment une comédie musicale pour enfants aux Folies Bergère, 1001 Plumes, dans le rôle d’une sirène… Je prends beaucoup de plaisir par le caractère mythologique du personnage, par l’investissement physique que cela représente de donner l’illusion d’être plongée dans l’eau, et puis ma chanson est magnifique ! Quant à l’avenir, quelques projets sont en vue mais nous en reparlerons plus tard, pour l’instant nous espérons tous pouvoir continuer de jouer le Violon encore longtemps…