
En quelques mots, quel est votre parcours ?
Je suis comédien de formation, d’abord au CNR de Toulouse, puis à Paris à l’Ecole Claude Mathieu d’où je suis sorti en 2004. Je me sens profondément acteur mais avec une forte envie de chanter. Il se trouve que j’ai eu la chance de choisir un professeur de chant lyrique qui m’a donné le béguin pour l’opéra. Aujourd’hui, je termine ma formation au CRD de Pantin. Pour moi, c’est le prolongement naturel du théâtre. Les meilleurs moments d’opéra sont quand les chanteurs interprètent un rôle au lieu de dérouler leur technique vocale. Je constate avec bonheur que c’est la tendance actuelle : un opéra moins élitiste faisant plus de place au jeu des interprètes. J’aimerais que tous les genres soient moins compartimentés en France. En tout cas, je compte bien mener de front les deux carrières, opéra et théâtre. Comme acteur, on a pu me voir récemment dans le rôle-titre du Portrait de Dorian Gray au Grenier de Toulouse et comme chanteur dans Gariné, une opérette dont on dit souvent qu’elle est La Belle Hélène arménienne. Quant à la comédie musicale, je n’ai certainement pas ma place dans les gros shows de type « variété », récurrents à Paris, mais je me sens proche d’un théâtre musical comme Alexandre Bonstein, Vincent Vittoz ou Didier Bailly peuvent le concevoir, chacun dans leur style, à la lisière entre opérette et musical.
Pouvez-vous nous parler de votre prochain spectacle Ce soir, il pleuvra des étoiles ?
Il s’agit d’un spectacle musical à base de chansons et de textes écrits durant les années de grands conflits, entre 1870 et 1945. Le fil conducteur à travers cette longue période est assuré par quatre personnages contemporains, musiciens, qui retrouvent des lettres et revivent un passé plutôt douloureux : la défaite de 1870, la vie dans les tranchées, la persécution d’enfants juifs… Pour autant, le spectacle n’est ni intello, ni triste. Il s’agit avant tout de raconter une vraie histoire tout en découvrant un patrimoine musical méconnu. Un piano et une contrebasse modernisent l’ensemble dans un style jazz. Le titre provient d’un message codé passant à la radio dans l’émission Les Français parlent aux Français.
Comment avez-vous fait votre sélection ?
Cela a été un travail d’archives intense de trouver des chansons peu connues et dont il n’existe parfois aucun enregistrement, en évitant par exemple le style guinguette et les classiques de la Commune. Le répertoire d’avant 1900 était particulièrement intéressant pour son esprit va‑t’en guerre et nationaliste dont on sait qu’il mena tout droit au premier conflit mondial. Mais on sent aussi l’émergence de rouages qui font la société moderne, les luttes sociales. Le choix s’est fait autant en fonction de l’intérêt musical que de l’intérêt historique et avec l’exigence d’assurer la cohérence de l’histoire. Il y a aussi beaucoup de textes, lettres, témoignages et extraits de romans. On s’aperçoit que, dans les pires moments, les hommes ont aussi besoin de se divertir, d’où le succès des comiques troupiers et des cafés concerts (les fameux caf’conc’). Le style est parfois grivois mais les artistes savaient faire rire les gens. Cela nous a permis d’éviter le pathos pour construire une trame populaire et amusante.
Y a‑t-il néanmoins un message à méditer ?
Bien que construit de façon chronologique et en partenariat avec des groupes scolaires, le spectacle n’est ni une fresque historique, ni une leçon d’histoire. Les personnages voient le passé avec le regard d’aujourd’hui, donc c’est plutôt une réflexion sur le rôle de la mémoire, les enseignements à tirer du passé. C’est aussi une tentative de recréer le lien avec les générations passées.
Avez-vous d’autres projets ?
Je reprends l’opéra arménien Gariné pour deux dates en octobre à l’Odéon de Marseille, mis en scène par Gérald Papazian. C’est une œuvre magnifique qu’il faut absolument découvrir. Et après avoir joué dans Horace de Corneille l’an dernier, je serai dans Alexandre Le Grand de Racine l’an prochain. Encore des spectacles historiques en quelque sorte !