Accueil Talent à suivre Alexandre Martin-Varroy : l’histoire en chantant

Alexandre Martin-Varroy : l’histoire en chantant

0
Alexandre Martin-Varroy (C)DR
Alexan­dre Mar­tin-Var­roy ©DR

En quelques mots, quel est votre parcours ?
Je suis comé­di­en de for­ma­tion, d’abord au CNR de Toulouse, puis à Paris à l’Ecole Claude Math­ieu d’où je suis sor­ti en 2004. Je me sens pro­fondé­ment acteur mais avec une forte envie de chanter. Il se trou­ve que j’ai eu la chance de choisir un pro­fesseur de chant lyrique qui m’a don­né le béguin pour l’opéra. Aujourd’hui, je ter­mine ma for­ma­tion au CRD de Pan­tin. Pour moi, c’est le pro­longe­ment naturel du théâtre. Les meilleurs moments d’opéra sont quand les chanteurs inter­prè­tent un rôle au lieu de dérouler leur tech­nique vocale. Je con­state avec bon­heur que c’est la ten­dance actuelle : un opéra moins éli­tiste faisant plus de place au jeu des inter­prètes. J’aimerais que tous les gen­res soient moins com­par­ti­men­tés en France. En tout cas, je compte bien men­er de front les deux car­rières, opéra et théâtre. Comme acteur, on a pu me voir récem­ment dans le rôle-titre du Por­trait de Dori­an Gray au Gre­nier de Toulouse et comme chanteur dans Gar­iné, une opérette dont on dit sou­vent qu’elle est La Belle Hélène arméni­enne. Quant à la comédie musi­cale, je n’ai cer­taine­ment pas ma place dans les gros shows de type « var­iété », récur­rents à Paris, mais je me sens proche d’un théâtre musi­cal comme Alexan­dre Bon­stein, Vin­cent Vit­toz ou Didi­er Bail­ly peu­vent le con­cevoir, cha­cun dans leur style, à la lisière entre opérette et musical.

Pou­vez-vous nous par­ler de votre prochain spec­ta­cle Ce soir, il pleu­vra des étoiles ?
Il s’agit d’un spec­ta­cle musi­cal à base de chan­sons et de textes écrits durant les années de grands con­flits, entre 1870 et 1945. Le fil con­duc­teur à tra­vers cette longue péri­ode est assuré par qua­tre per­son­nages con­tem­po­rains, musi­ciens, qui retrou­vent des let­tres et revivent un passé plutôt douloureux : la défaite de 1870, la vie dans les tranchées, la per­sé­cu­tion d’enfants juifs… Pour autant, le spec­ta­cle n’est ni intel­lo, ni triste. Il s’agit avant tout de racon­ter une vraie his­toire tout en décou­vrant un pat­ri­moine musi­cal mécon­nu. Un piano et une con­tre­basse mod­ernisent l’ensemble dans un style jazz. Le titre provient d’un mes­sage codé pas­sant à la radio dans l’émission Les Français par­lent aux Français.

Com­ment avez-vous fait votre sélection ?
Cela a été un tra­vail d’archives intense de trou­ver des chan­sons peu con­nues et dont il n’existe par­fois aucun enreg­istrement, en évi­tant par exem­ple le style guinguette et les clas­siques de la Com­mune. Le réper­toire d’avant 1900 était par­ti­c­ulière­ment intéres­sant pour son esprit va‑t’en guerre et nation­al­iste dont on sait qu’il mena tout droit au pre­mier con­flit mon­di­al. Mais on sent aus­si l’émergence de rouages qui font la société mod­erne, les luttes sociales. Le choix s’est fait autant en fonc­tion de l’intérêt musi­cal que de l’intérêt his­torique et avec l’exigence d’assurer la cohérence de l’histoire. Il y a aus­si beau­coup de textes, let­tres, témoignages et extraits de romans. On s’aperçoit que, dans les pires moments, les hommes ont aus­si besoin de se diver­tir, d’où le suc­cès des comiques troupiers et des cafés con­certs (les fameux caf’conc’). Le style est par­fois grivois mais les artistes savaient faire rire les gens. Cela nous a per­mis d’éviter le pathos pour con­stru­ire une trame pop­u­laire et amusante.

Y a‑t-il néan­moins un mes­sage à méditer ?
Bien que con­stru­it de façon chronologique et en parte­nar­i­at avec des groupes sco­laires, le spec­ta­cle n’est ni une fresque his­torique, ni une leçon d’histoire. Les per­son­nages voient le passé avec le regard d’aujourd’hui, donc c’est plutôt une réflex­ion sur le rôle de la mémoire, les enseigne­ments à tir­er du passé. C’est aus­si une ten­ta­tive de recréer le lien avec les généra­tions passées.

Avez-vous d’autres projets ?
Je reprends l’opéra arménien Gar­iné pour deux dates en octo­bre à l’Odéon de Mar­seille, mis en scène par Gérald Papaz­ian. C’est une œuvre mag­nifique qu’il faut absol­u­ment décou­vrir. Et après avoir joué dans Horace de Corneille l’an dernier, je serai dans Alexan­dre Le Grand de Racine l’an prochain. Encore des spec­ta­cles his­toriques en quelque sorte !