

Voici, pour les lecteurs de Regard en Coulisse, mon regard sur les coulisses du Théâtre Musical d’Irkoutsk (Sibérie Orientale), où je monte Bonnie & Clyde en comédie musicale (il ne s’agit pas de la version de Raphaël Bancou qui s’est jouée à Avignon et à l’Alhambra, mais d’un spectacle inédit de Bernard Poli) avec la troupe russe du théâtre.
Historique
Tout a commencé il y a un an, lorsque j’ai reçu un appel d’une des dirigeantes de l’Alliance Française en Russie, qui m’a dit qu’elle recherchait, dans le cadre de l’année France-Russie 2010, un metteur en scène français pour créer un spectacle avec la troupe du Théâtre Musical d’Irkoutsk (je n’avais jamais entendu ce nom..) ; elle m’a demandé si ça m’intéressait de rencontrer le directeur du théâtre à Paris, j’ai répondu « oui » avec grand enthousiasme, et j’ai oublié d’aller au rendez-vous.
Réveillé en sursaut par la douce voix de l’interprète de Mr Shagin (le directeur du théâtre), j’ai bredouillé un prétexte scabreux et me suis précipité au lieu de rendez-vous, par peur de représailles de la mafia sibérienne…
Fermant les yeux sur mes 90 minutes de retard, Mr Shagin m’a renouvelé sa proposition, m’expliquant qu’il voulait un metteur en scène français et un costumier français, pour monter un spectacle français qu’il ferait traduire en russe.
J’ai proposé le poste de costumier à Jacques Verzier, sachant qu’il était assez fou pour partir en Sibérie en plein hiver (et aussi parce c’est mon ami et qu’il assure comme une bête).
Pour le choix du spectacle français, le cahier des charges était… peu habituel :
Le Théâtre Musical d’Irkoutsk étant composé d’une troupe permanente de 180 artistes (comédiens-chanteurs/danseurs/musiciens) payés à l’année, il fallait une comédie musicale qui emploie BEAUCOUP de chanteurs et BEAUCOUP de musiciens… Le rêve pour un Français ! … mais un casse-tête pour moi qui suis plus branché « off Broadway »…
Et puis j’ai pensé à ce beau projet de comédie musicale sur Bonnie & Clyde pour lequel j’avais enregistré des voix il y a dix ans, et qui ne s’était jamais monté faute de moyens et de vedettes.
J’ai retrouvé le cd démo et le joli livret de présentation, je les ai remis à Mr Shagin, et…
Me voilà maintenant dans la capitale de Sibérie Orientale en plein janvier !
Et seul, car Jacques ne vient que pour la dernière semaine…
La première aura lieu le 6 mars. J’ai donc six semaines pour monter le spectacle.

Arrivée et premiers pas
Je suis parti de Paris à 9 heures (Merci Agnès de m’avoir emmené à l’aéroport !!) et suis arrivé à Irkoutsk le lendemain à 6 heures. C’est qu’il y a 7 heures de décalage (Irkoutsk est près de la frontière mongole, à la hauteur du milieu de la Chine).
Après ce long voyage sans embrouille, je suis bien accueilli et mené à un appartement confortable, puis au théâtre où je rencontre Anna, qui est mon interprète pendant le séjour.
J’ai de la chance paraît-il, car il ne fait pas froid du tout pour la saison (-20°).
Le premier jour de répétitions commence par une lecture de la pièce, ce qui me donne l’occasion de rencontrer la double distribution des comédien(ne)s du spectacle.
C’est le directeur musical et l’adaptatrice du spectacle qui ont fait le casting parmi les membres de la troupe. Je suis invité à faire les changements que je désire au sein du cast, mais il faut faire vite, car les répétitions doivent commencer.
En fait j’ai fait seulement un changement, en mettant sur un autre rôle un des deux Clyde, qui ne correspondait pas physiquement à l’idée que je me faisais du personnage.
Je suis content car il est formidable dans l’autre rôle.
Vous vous demandez pourquoi il y a deux distributions ?
Je me demandais aussi. Maintenant je sais :
Comme la Comédie Française, le Théâtre Musical d’Irkoutsk est un théâtre de répertoire (de comédie musicales !) qui joue un spectacle différent chaque soir.
La plupart des comédien(ne)s jouent plus d’une dizaine de spectacles différents par mois !
Ils bossent comme des malades ! Et ils tombent souvent malades…
Et je vous laisse imaginer le bonheur que c’est de faire un planning de répétitions, quand on doit jongler avec les artistes qui jouent ou répètent un autre spectacle, ou qui sont aphones ou au fond de leur lit.
Et pourtant, les répétitions ont commencé !


A suivre…
Alexandre Bonstein pour Regard en Coulisse