Alexander Hanson, maître de la 42nd Street

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Alexander Hanson (c) DR
Alexander Hanson (c) DR
Alexan­der Han­son © DR

Alexan­der Han­son, quel effet cela vous fait-il de jouer à Paris ? Vous avez une his­toire par­ti­c­ulière avec cette ville, non ?
Plus jeune, j’ai été sta­giaire au Ritz pen­dant un an… et j’ai su au bout de deux min­utes et demie que je ne voulais pas faire car­rière dans l’hôtellerie ! En revanche, j’ai adoré vivre à Paris. Et puis, je ressens une con­nex­ion pro­fonde avec cette ville. Ma mère est moitié française et quand je suis ici, je me sens bien. Et c’est un grand plaisir d’être ici avec ce spec­ta­cle légendaire qui date de 1980 : le dernier grand spec­ta­cle améri­cain avant l’ar­rivée des pro­duc­tions d’An­drew Lloyd Web­ber qui ont changé la donne. Et puis, je n’ai jamais fait par­tie d’une troupe aus­si impor­tante, main­tenant on a des spec­ta­cles avec qua­tre ou cinq per­son­nes, alors quand on a la chance d’être cinquante sur scène… c’est vrai­ment fantastique !

Com­ment est venue cette proposition ?
J’avais tra­vail­lé avec Stephen Mear [NDLR : le met­teur en scène de 42nd Street] sur Stephen Ward d’An­drew Lloyd Web­ber, dont il était le choré­graphe. Il m’a pro­posé ce rôle. Je jouais alors La vérité de Flo­ri­azn Zeller qui se finis­sait fin sep­tem­bre, le tim­ing était parfait.

Etiez-vous fam­i­li­er avec ce type de musi­cals plus traditionnels ?
Je con­nais­sais surtout ce genre de musi­cals pour les avoir vus à la télévi­sion. J’ai gran­di avec mais je ne pen­sais pas que j’en jouerais un jour. C’est presque une madeleine de Proust pour moi. Et pusi ce spec­ta­cle a une vraie réso­nance aujour­d’hui : le pub­lic se sent bien quand il en sort, et je crois qu’il en a vrai­ment pour son argent !

Ce n’est pas frus­trant de ne pas danser dans un spec­ta­cle aus­si dansé ?
J’ai deux pieds gauch­es ! Je suis heureux de laiss­er les jeunes danser. Mais quand je les vois, je me dis que j’adorerais pou­voir faire des cla­que­ttes… D’ailleurs, je me suis dit que j’al­lais pren­dre des cours une fois ren­tré à Lon­dres. Mais en privé, juste pour m’amuser !

Vous avez joué A Lit­tle Night Music à Lon­dres puis à New York, pou­vez-vous nous par­ler de cette expérience ?
On a com­mencé à la Choco­late Menier Fac­to­ry où le spec­ta­cle a été un énorme suc­cès, avant de trans­fér­er dans le West End puis à Broad­way. La Choco­late Fac­to­ry a une jauge de moins de deux cents places, c’est très intime. On sen­tait vrai­ment le lien avec le pub­lic. Au Gar­rick, c’é­tait beau­coup plus grand. Et c’est dif­fi­cile d’at­tir­er beau­coup de pub­lic avec un Sond­heim, à moins d’avoir une grande star. Pour le trans­fert à Broad­way, Trevor Nunn, le met­teur en scène, voulait nous emmen­er, Han­nah Wadding­ham et moi, et c’é­tait nous deux ou rien. Mais les pro­duc­teurs améri­cains voulaient des stars. Ils ont d’abord choisi Angela Lans­bury pour le rôle de Mrs Arm­feldt. Mais celle-ci leur a dit qu’il leur fal­lait aus­si une star pour le rôle de Désirée. Je crois que Sond­heim a finale­ment écrit à Michael Dou­glas et c’est comme ça qu’ils ont choisi Cather­ine Zeta-Jones pour Désirée. Un jour, Trevor m’a appelé pour me dire qu’il avait déjà deux stars et qu’il me voulait pour jouer Fred­erik à Broad­way. J’ai dit ok, mais il fal­lait que les choses soient claires avec Han­nah, mais il m’a répon­du qu’elle était déjà au courant ! A Broad­way, le spec­ta­cle était autre chose. C’est plus large, plus direct en ter­mes de rap­port avec le pub­lic, il y a plus de rires. Et avec Cather­ine et Angela à l’af­fiche, c’é­tait sold-out. C’é­tait une expéri­ence extra­or­di­naire, sans oubli­er le fait de jouer ensuite avec Bernadette Peters et Elaine Stritch.

On vous a vu égale­ment à Lon­dres dans Mar­guerite, de Michel Legrand, avec un livret de Bou­blil et Schön­berg. Quel sou­venir gardez-vous de cette expéri­ence très française ?
J’ai eu du plaisir à le faire et c’é­tait la pre­mière fois que je tra­vail­lais avec Ruthie Hen­shall. C’é­tait un très beau spec­ta­cle avec une musique mag­nifique mais qui n’a pas vrai­ment marché. Il a donc fer­mé plus tôt que prévu, mais finale­ment, c’est ce qui m’a per­mis d’être libre pour faire A Lit­tle Night Music.

Quels con­seils don­ner­iez-vous à de jeunes comédiens ?
J’ai deux enfants : une fille de 25 ans et un fils de 23 ans qui sont tous les deux acteurs. On ne leur a pas inter­dit de faire ce choix mais on ne les a pas encour­agés non plus [NDLR : Saman­tha Bond, la femme d’Alexan­der Han­son est égale­ment comé­di­enne et jouait le rôle de Lady Rosamund dans Down­ton Abbey]. C’est dur comme méti­er ! Il faut y réfléchir con­scien­cieuse­ment. Il faut avoir de la pas­sion, s’y adon­ner com­plète­ment. Si vous pensez que c’est ce que vous voulez faire, alors fon­cez. Il n’y a rien de pire que d’avoir des regrets. Tra­vaillez dur, très dur. Allez voir beau­coup, beau­coup de pièces. Allez voir des gens tal­entueux et emprun­tez leurs idées. Vivez, lisez, allez au pub, bour­rez-vous la gueule, allez au ciné­ma, voir des expos, faites-vous des amis, faites l’amour ! Vivez !

Lire notre cri­tique de 42nd Street (jusqu’au 8 jan­vi­er au Théâtre du Châtelet)

Alex Hanson et Monique Young - 42nd Street (c)Théâtre du Châtelet - Marie-Noëlle Robert
Alex Han­son et Monique Young — 42nd Street ©Théâtre du Châtelet — Marie-Noëlle Robert