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Adam Garcia — Un marin à Paris

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Adam Garcia — Un marin à Paris
Adam Garcia dans On The Town© Marie-Noëlle Robert
Adam Gar­cia dans On The Town© Marie-Noëlle Robert

Adam Gar­cia, vous avez démar­ré pro­fes­sion­nelle­ment à l’âge de 16 ans, à Syd­ney, sous la direc­tion de Baz Lurhmann… Par­lez-nous de cette expérience.
J’avais audi­tion­né pour la pro­duc­tion aus­trali­enne de 42d Street, mais je n’avais que quinze ans, je n’avais pas encore le droit de tra­vailler. Mais c’est là que j’ai ren­con­tré le pro­duc­teur de Baz qui m’a engagé un an plus tard pour faire des cla­que­ttes pour un évène­ment. C’é­tait un dîn­er inter­ac­t­if pour le fes­ti­val de Syd­ney. Il y avait un orchestre de bal, dans la tra­di­tion des années 40, et moi, j’ap­pre­nais au pub­lic à danser et je fai­sais des cla­que­ttes. Baz en était le met­teur en scène. C’é­tait en 1990, il n’é­tait pas encore con­nu. C’é­tait une de ses pre­mières mis­es en scène et c’é­tait très intéres­sant de tra­vailler avec lui, c’est quelqu’un d’épatant.
Pour moi, cette expéri­ence était énorme, j’é­tais encore à l’é­cole et c’é­tait comme un superbe job d’été !

Plus tard, vous êtes allé à Lon­dres pour y jouer un spec­ta­cle aus­tralien, Hot Shoe Shuf­fle, et vous avez fini par vous y installer. Quel âge aviez-vous à l’époque et quel était votre état d’e­sprit en arrivant dans cette ville si réputée pour ses spectacles ?
Tout d’abord, j’ai tou­jours voulu voy­ager et là, c’é­tait génial de pou­voir venir avec cette troupe d’amis avec qui je tra­vail­lais déjà depuis un an et demi. J’avais vingt ans, ce fut une expéri­ence for­mi­da­ble. J’ai décidé qu’après ça, j’i­rais voy­ager en routard, car c’est ce que font les Aus­traliens.… Mais en fait, je n’ai jamais pu men­er ce pro­jet à bien avant l’an dernier car je n’ai pas cessé de tra­vailler. Je ne savais pas ce qu’é­tait le West End, j’en avais enten­du par­ler et bien sûr, il y avait quelque chose d’ex­ci­tant à tout ça, mais quand on a vingt ans, tout est une immense aven­ture. J’ai donc enchaîné ensuite avec Grease, puis avec une pièce. Ca a été comme un tour­bil­lon d’expériences.

Vous avez été révélé au grand pub­lic en jouant Tony Manero dans la ver­sion scénique de Sat­ur­day Night Fever, qui vous a valu une nom­i­na­tion aux Olivi­er Awards. Quel sou­venir gardez-vous de cette expérience ?
Il y avait beau­coup de pres­sion car le spec­ta­cle repo­sait sur mes épaules. J’avais huit chan­sons, six ou sept numéros dan­sés et j’é­tais dans toutes les scènes sauf deux, pour huit représen­ta­tions par semaine. C’é­tait épuisant mais j’ai adoré le faire. Pour une rai­son que je n’ex­plique pas, je ressen­tais ce rôle jusqu’au plus pro­fond de moi. Mais c’é­tait beau­coup de pres­sion. Je n’ai pas bu d’al­cool pen­dant un an, je ne sor­tais qua­si­ment pas, j’é­tais très con­cen­tré sur ce spectacle.

Vous étiez con­tent de retrou­ver une vie nor­male après ça ?
Oui, et je n’ai pas fait de musi­cal pen­dant qua­si­ment sept ans ! Voilà où ça m’a mené (rires).

Il y a deux ans vous jouiez Fiyero dans la pro­duc­tion orig­i­nale de Wicked à Lon­dres. Vous étiez égale­ment dans le tout pre­mier work­shop… Com­ment était-ce d’être dans une pro­duc­tion aus­si énorme ?
C’est étrange car quand j’ai par­ticipé au work­shop à New York, ça avait l’air d’un « petit » pro­jet. Nous étions dans une minus­cule salle de répéti­tions. Je ne savais pas qui était Idi­na Men­zel [NDRL : créa­trice du rôle d’El­pha­ba dans Wicked, et de Mau­reen dans Rent]. Je ne savais même pas qui était Stephen Schwartz bien que j’avais enten­du par­ler de Pip­pin [NDLR : comédie musi­cale de Stephen Schwartz]. Tous les gens qui par­tic­i­paient au pro­jet étaient des noms con­nus… mais je n’en avais pas con­science. En fait, j’é­tais en vacances à New York et mon agent m’a dit : « Tiens, il y a un work­shop et j’ai dit à la pro­duc­tion que tu étais là en ce moment… ». Je me suis dit que ça pou­vait être amu­sant. Et en effet, c’é­tait une expéri­ence géniale, j’y ai ren­con­tré des gens for­mi­da­bles. Et puis, il y a eu une longue péri­ode d’at­tente. Je venais d’être pris sur un film quand ils m’ont appelé pour me dire qu’ils allaient créer le spec­ta­cle à San Fran­cis­co. J’é­tais à Toron­to et je ne pou­vais pas le faire. J’é­tais très déçu. Wicked a eu le suc­cès phénomé­nal que l’on sait. Quand le spec­ta­cle s’est mon­té à Lon­dres, le pro­duc­teur m’a pro­posé d’en faire par­tie. Ce fut un vrai hon­neur de pou­voir aller jusqu’au bout de cette aven­ture. Ce fut une belle expéri­ence : le per­son­nage était intéres­sant à jouer, et vocale­ment, c’é­tait un vrai défi pour moi. Et toute l’équipe était fantastique.

En 2005, vous avez joué le rôle de Chip dans On The Town à Lon­dres, à l’Eng­lish Nation­al Opera, rôle que vous reprenez aujour­d’hui au Châtelet. C’é­tait un musi­cal que vous con­naissiez et que vous aimiez ?
Je n’avais jamais vu le film et quand j’ai su que j’é­tais pris, j’ai décidé de ne pas le voir car Frank Sina­tra [NDLR : qui joue le rôle de Chip dans le film] est une référence trop impres­sion­nante ! Je suis un grand fan de Gene Kel­ly [NDLR : co-réal­isa­teur et inter­prète du film], j’adore West Side Sto­ry, et j’aime beau­coup le tra­vail de Stephen Mear [NDLR : choré­graphe du spec­ta­cle] donc je me suis dit que ça allait vrai­ment être une expéri­ence agréable. Au sitzprobe [NDLR : pre­mière séance de tra­vail entre la dis­tri­b­u­tion et l’orchestre au com­plet], lorsque les soix­ante musi­ciens ont joué la musique de Bern­stein, j’ai réal­isé à quelle point elle était excep­tion­nelle. Aupar­a­vant, nous n’avions répété qu’avec un piano et là, l’orchestre resti­tu­ait un son opéra­tique, riche, com­plexe, extrême­ment intel­li­gent et sophis­tiqué. Je n’avais jamais joué dans un musi­cal « his­torique », dans la tra­di­tion de la MGM ou des grands clas­siques de Broad­way. Ca a été génial.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cette production ?
Le fait de pou­voir voir Car­o­line O’Con­nor [NDLR : inter­prète de Hildy] sur scène chaque soir ! J’é­tais déjà un grand fan, et là c’est une chance for­mi­da­ble de pou­voir tra­vailler avec elle.
Et puis, c’est amu­sant d’in­ter­préter ce per­son­nage de Chip, jeune et fougueux. Mais encore une fois, ce que je préfère dans ce spec­ta­cle, c’est vrai­ment la musique. Je me réveille avec la musique dans ma tête et je vais me couch­er avec. C’est vrai­ment le moteur du spec­ta­cle. C’est fan­tas­tique de pou­voir écouter cet orchestre et de chanter avec !

Com­ment décririez-vous votre personnage ?
Chip est le plus calme du groupe, même s’il est très énergique. Il a un sens très fort du devoir et du patri­o­tisme. Il n’a jamais eu de petite amie, il est beau­coup plus intéressé par les sci­ences. C’est un peu un « nerd ». Son intérêt pour New York est touris­tique et sci­en­tifique. Tout ce qu’il fait est plan­i­fié. Il aime ce qui est struc­turé et Hildy fait vol­er tout ça en éclats.

Vous vous iden­ti­fiez à lui ?
Je suis le genre de per­son­ne qui, dans le métro, sait dans quelle voiture mon­ter pour être le plus proche de la bonne sor­tie… Ma petite amie me dit que j’ai une carte dans ma tête. A la fac, j’ai étudié la biolo­gie… Donc, oui, je com­prends bien le personnage !

Est-ce la pre­mière fois que vous jouez à Paris ? Quelles sont vos impressions ?
Oui, c’est la pre­mière fois et je me sens un peu comme quand j’avais vingt ans et que j’ai débar­qué à Lon­dres. Je n’ar­rive pas à croire que je suis payé pour venir dans une ville for­mi­da­ble à l’autre bout de la planète. J’ai tou­jours rêvé de vivre à Paris, j’ai tou­jours eu ce fan­tasme roman­tique. Quand je me suis instal­lé à Lon­dres, je venais pass­er des week-ends à Paris. Mais pou­voir vivre ici deux mois, essay­er de par­ler avec mon mau­vais français, faire par­tie inté­grante de la vie parisi­enne : c’est un rêve qui devient réalité !