A Little Night Music — Les sourires de la nuit

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A Little Night Music ©DR
A Little Night Music ©DR
A Lit­tle Night Music ©DR

Une comédie musi­cale améri­caine de Stephen Sond­heim (paroles et musique) et Hugh Wheel­er (livret) d’après le film d’Ing­mar Bergman Sourires d’une nuit d’été.

Créa­tion

A Broad­way le 25 févri­er 1973 au Shu­bert The­ater (601 représentations).

A Lon­dres le 15 avril 1973 à l’Adel­phi The­atre (406 représentations).
Jere­my Irons a repris, du 7 au 29 mars 2003, le rôle de l’av­o­cat Fredrik Egerman dans une pro­duc­tion du New York City Opera.

Prin­ci­pales chansons 
Over­ture — Night waltz — Now, lat­er, soon — The glam­orous life — Remem­ber ? — You must meet my wife — Liaisons — In praise of woman — Every day a lit­tle death — A week­end in the coun­try — The sun won’t set — It would have been won­der­ful — Per­pet­u­al antic­i­pa­tion — Send in the clowns — The Miller’s son — Finale (reprise of Send in the clowns et Night walltz)

Syn­op­sis
Durant un week-end dans la superbe pro­priété sué­doise de Mme Arm­feldt, des cou­ples vont se défaire, se réu­nir, dans une comédie roman­tique acerbe. Désirée, l’ac­trice, désire faire sa vie avec son ancien amant, l’av­o­cat Fredrik Egerman, actuelle­ment l’époux d’une jeune vierge Anne. Cette dernière est éprise, sans le savoir, de Hen­rik, le fils de son mari. Hen­rik, austère, désire con­naître les plaisirs de la chair avec la bonne Petra, qui tombe amoureuse d’un maître d’hô­tel. Enfin, Char­lotte, amie d’Anne et épouse de Carl-Mag­nus, un mil­i­taire actuel amant de Désirée, veut recon­quérir son époux. Tout se remet­tra en place grâce aux strat­a­gèmes con­jugués des uns et des autres, et avec l’aide des sourires mag­iques d’une nuit d’été…

Le thème
La vie qui passe, les pas­sions qui s’é­moussent ou qui s’éveil­lent en fonc­tion des généra­tions, le tout en suiv­ant une carte du ten­dre acci­den­tée (mais dans laque­lle le hasard n’a que peu sa place), répon­dant aux dif­férents sourires d’une nuit d’été. Le pre­mier sourire est des­tiné aux jeunes insou­ciants, le sec­ond aux incon­scients, qui savent trop peu, et le troisième aux anciens, qui en savent trop. Une oeu­vre d’un grand raf­fine­ment, écrite par ses auteurs dans un style volon­taire­ment européen.

L’his­toire der­rière l’histoire 
Après Fol­lies, échec com­mer­cial mais suc­cès cri­tique, Stephen Sond­heim cherche une oeu­vre à adapter, avec son com­plice Harold Prince. Comme il avoue ne pas lire beau­coup, il voit des films et pense à un moment à La règle du jeu de Jean Renoir. Mais son atten­tion se focalise sur une comédie roman­tique d’Ing­mar Bergman : Sourires d’une nuit d’été, qui obtint en 1956 le prix de « l’hu­mour poé­tique » au Fes­ti­val de Cannes. Ce film est lui-même inspiré de la pièce de Shake­speare Songe d’une nuit d’été. Notons, pour la petite his­toire, que la sub­lime Eva Dahlbeck, inter­prète de Désirée, chante à deux repris­es dans le film. Bergman accepte de céder les droits de l’oeu­vre (à l’ex­cep­tion de son titre). Hugh Wheel­er, d’o­rig­ine bri­tan­nique, se colle à l’in­trigue. Il étoffe le per­son­nage de la mère de Désirée et ajoute un per­son­nage féminin : l’en­fant de la diva n’est plus un bam­bin du nom de Fredrik, mais une ado­les­cente : Frédéri­ka. Le livret s’ar­tic­ulera autour de ce trio féminin, à trois âges de la vie. Le chiffre trois revient à plusieurs repris­es puisque les trois temps de la valse sont favorisés par le com­pos­i­teur, et que la nuit sourit trois fois… Un quin­tet, sorte de choeur antique, illus­tr­era la satire en per­me­t­tant au spec­ta­teur de béné­fici­er d’un cer­tain recul.

Séduit par le tra­vail de Sond­heim, Bergman dévelop­pera un temps un pro­jet avec lui : l’adap­ta­tion de la Veuve joyeuse avec Bar­bra Streisand. Hélas, ce film ne ver­ra jamais le jour.

A Lit­tle Night Music a rem­porté, en 1973, des Tony Awards pour la meilleure comédie musi­cale, la meilleure musique, la meilleure actrice (Gly­nis Johns), la meilleure actrice dans un sec­ond rôle (Patri­cia Elliott), le meilleur livret et les meilleurs cos­tumes (Flo­rence Klotz).

Harold Prince tir­era un film avec Elis­a­beth Tay­lor et Diana Rigg. Hélas, mal­gré le faste déployé, l’alchimie ne prend pas et le film est raté.

« Send in the clowns » est dev­enue la chan­son de référence de Broad­way. Ses paroles mélan­col­iques (Désirée pense que ses mani­gances pour recon­quérir Fredrik échouent), per­me­t­tent de libér­er toute une palette de sen­ti­ments con­trastés. La chan­son se ter­mine par ailleurs par un hom­mage aux acteurs, présen­tés ici comme des clowns (mais tristes) « Applause for the clowns, they’re final­ly here », rap­pelant que tout n’est que comédie (musi­cale), le reste n’a guère d’im­por­tance… Tous les grands artistes ont inter­prété ce titre, ou l’in­ter­prèteront un jour. Un emblème.

Ver­sions de référence 
Le cast­ing orig­i­nal de Broad­way (1973)(Sony SK 65284). Un must.

Le cast­ing lon­donien orig­i­nal (1975) (RCA Vic­tor 5090–2‑RG)
L’anglaise Hermione Gin­gold, que l’on a vue dans Gigi de Min­nel­li, campe la mère de Désirée tout comme à la créa­tion à Broad­way, d’une manière magistrale.

Ver­sion lon­doni­enne du Roy­al Nation­al The­atre (Tring 001, 1996) avec Judi Dench, splen­dide dans le rôle de Désirée, Siân Phillips dans le rôle de sa mère, et Lam­bert Wil­son dans celui du comte Carl-Mag­nus Mal­colm. Une mise en scène inven­tive et un enreg­istrement captivant.

Enreg­istrement stu­dio (TER CDTER 1179), avec des par­tic­i­pants comme Siân Phillips et Elis­a­beth Welch.

Ver­sion jazz pour piano seul. Ter­ry Trot­ter (Varèse Sara­bande, VSD 5819). Une nou­velle lec­ture de l’oeu­vre très réussie.