
Monsieur Follentin est un petit fonctionnaire vivant au début du XXe siècle. Trahison, problèmes d’argent, de famille, tout l’accable. À la fin d’une journée particulièrement éprouvante, il s’endort en maudissant son époque…
C’est alors que le Temps lui propose de voyager à travers les siècles, voir si l’herbe est plus verte ailleurs, et trouver son âge d’or. Tantôt dans le passé (il y croise Louis XV, Catherine de Médicis, la Reine Margot…), tantôt de nos jours, Follentin et sa famille entament leur quête du bonheur…
Créée en 1905, cette comédie musicale de Georges Feydeau connut un immense succès lors de sa création. Elle est cependant rarement montée de nos jours car peu adaptée au théâtre : elle est très longue, contient beaucoup de personnages, et de nombreuses scènes de rêve à la mise en scène délirante.
Le défi est relevé par Susana Lastreto et sa compagnie, le Groupe Rires Rage Résistance. Ils sont 18 sur scène, mêlant acteurs professionnels et élèves de l’école de théâtre Jacques Lecoq.
Les partitions originales ayant disparu, les passages chantés ont été spécifiquement écrits pour le spectacle. Les artistes chantent en live accompagnés de musiciens installés en fond de scène. Le tout premier morceau est une réussite. Chanté a cappella et de la salle, la troupe accueille le spectateur dans l’univers un peu fou de la pièce.
On ne peut malheureusement pas en dire autant du reste… les numéros musicaux sont peu nombreux, parfois inutiles, et souvent médiocrement interprétés.
La pièce est une adaptation libre du texte de Feydeau, mais reste assez fidèle sur les deux premiers actes. Le troisième acte se déroulant de nos jours, c’est ce dernier qui est le plus retravaillé, pas toujours de façon très heureuse. Costumes, texte, esthétique, il en ressort une agressivité ou vulgarité qui ne semblait pas nécessaire comme dans l’une des dernières scènes notamment (l’orgie romaine), présente dans l’œuvre de Feydeau, mais mise en scène ici sans la moindre subtilité.
Côté interprétation, la troupe est plutôt homogène et efficace. On regrettera cependant une séparation très visible entre les acteurs professionnels et les élèves. Ces derniers sont sous-exploités et ne font que de la figuration sur la majorité des tableaux. Pourtant la plupart montrent un potentiel prometteur quand on leur en donne l’occasion.
La production dessert au final cette œuvre plutôt inconnue de Feydeau et laisse au spectateur un sentiment d’inachevé.