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1789, les Amants de la Bastille (Critique)

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1789, les Amants de la Bastille (Critique)

Mise en scène et choré­gra­phie de Giu­liano Peparini
Livret : Dove Attia et François Chouquet
Paroles : Dove Attia et Vin­cent Baguian
Musique : Rod Janois, Jean-Pierre Pilot, Olivi­er Schulthe­is, William Rousseau et Dove Attia
Pro­duc­tion : Dove Attia et Albert Cohen

Avec
Math­ieu Carnot : Lazare
Camille Lou : Olympe
Rod Janois : Camille Desmoulins
Rox­ane Le Tex­i­er : Marie-Antoinette d’Autriche
Nathalia : Solène, la sœur de Lazare
Sébastien Agius : Max­im­i­lien de Robespierre
David Ban : Georges Jacques Danton
Louis Delort : Ronan, jeune révolutionnaire
Yamin Dib : Auguste Ramard, dit « Le Mouchard »
Guil­laume Delv­ingt : Jacques Necker
Philippe Escan­de : Louis XVI
Cyril Romoli : Le Comte d’Artois
Tatiana Matre : Yolande de Polignac
Sonia Ben Ammar, Eva Baranes, Elisa Bergo­mi, Char­lie Loise­li­er, Mor­gane Rouault : Charlotte

Dou­blures : Emmanuelle Bouaz­iz, Alan Grall

Danseurs-comé­di­ens : Michael Feigen­baum, Olivi­er Mathieu

Danseurs : Noël­lie Bor­delet, Emmanuelle Bouaz­iz, Camil­la Brezzi, Alessan­dra Cito, Bérénice Fau­re, Tama­ra Fer­nan­do, Alexan­dra Jezouin, Loredana Per­sichet­ti, Emmanuelle Seguin Her­nan­dez, Valenti­na Valen­ti, Meh­di Baki, Jonathan Ber, Gian Loren­zo De Don­no, Gian Luca Fal­vo, Mikael Fau, Corentin Mazo, Geof­frey Plo­quin, Mar­co Pur­caro, Jim­my Vairon, Valentin Vosse­n­at, Ben­jamin Akl, Guil­laume Arvin Berod, Juli­ette Dela­troche, Yoan Gros­jean, Simon Grusz­ka, Yann Hervé, Véronique Lemon­nier, Aurore Met­tray, Adrien Oua­ki, Arthur Rojo, Jessie Toesca

Résumé :
Le spec­ta­cle nous emmèn­era à une époque où toute une généra­tion rêvait de chang­er le monde : la plus belle péri­ode de la Révo­lu­tion Française, entre le print­emps 1789 et le 26 août 1789, date de Déc­la­ra­tion uni­verselle des droits de l’homme.
Nos deux héros que tout oppose ; lui jeune paysan révo­lu­tion­naire, elle, dame de com­pag­nie de Marie-Antoinette ; s’aimeront pas­sion­né­ment, jusqu’à l’émergence d’un monde nou­veau, promesse de Lib­erté et de fra­ter­nité entre les hommes.
Cette his­toire d’amour, pure œuvre de fic­tion, va inter­a­gir avec l’histoire. Ain­si, la vie de nos deux héros crois­era celle de Louis XVI, Marie Antoinette, Mirabeau, Dan­ton, Camille Desmoulins et les autres Héros de la révolution.

Notre avis :
Depuis Les Dix Com­man­de­ments, il y a près de douze ans, les pro­duc­teurs Dove Attia et Albert Cohen sem­blent désor­mais incar­n­er à eux seuls le « grand spec­ta­cle musi­cal à la française », en étant les seules fig­ures sta­bles et pérennes au milieu des « one-shots » qui ont ten­té de se faire une place dans ce créneau. Dans cette caté­gorie, donc, on peut aisé­ment affirmer qu’il existe un style avec des ingré­di­ents que l’on retrou­ve sans fail­lir (relire par exem­ple notre cri­tique de Drac­u­la pour avoir une idée…) et la recette n’a pas fon­cière­ment changé avec 1789, dernière pro­duc­tion du tan­dem Attia-Cohen. On a un thème et/ou une péri­ode his­torique facile­ment iden­ti­fi­able, des chan­sons for­matées pour pass­er sur NRJ, des plateaux impres­sion­nants occupés par une équipe con­séquente, des jeunes chanteurs aux voix puissantes…

Il y a néan­moins une dif­férence cer­taine avec les spec­ta­cles précé­dents : la vision forte d’un vrai met­teur en scène, en l’oc­cur­rence Giu­liano Pepari­ni, ancien col­lab­o­ra­teur de Fran­co Drag­one pour le Cirque du Soleil. Pepari­ni pro­pose tout d’abord un univers esthé­tique cohérent. Des cos­tumes (très beau tra­vail de Frédéric Bernard) aux décors (signés Xavier Lauw­ers) en pas­sant par les pro­jec­tions vidéos (Patrick Neys, égale­ment col­lab­o­ra­teur du Cirque du Soleil) pour une fois util­isées de façon intel­li­gente, Pepari­ni reste dans un esprit « Révo­lu­tion Française », revis­ité certes, mais rel­a­tive­ment homogène. On n’est plus, comme chez cer­tains prédécesseurs, dans une esthé­tique show télé ou con­cert qui se per­met toutes les extrav­a­gances sous pré­texte de vouloir être orig­i­nal, en dépit du bon sens et du bon goût. Ici, Pepari­ni offre bel et bien une vision de « spec­ta­cle » (on a encore du mal à utilis­er le mot « théâtre » dans un lieu aus­si imper­son­nel que le Palais des Sports). Et il faut bien le recon­naître, cette vision est tout à fait intéres­sante. De nom­breux tableaux regor­gent d’idées frap­pantes, cer­tains don­nent dans l’ef­fi­cac­ité — un peu brute – (avec des choré­gra­phies punchy et mod­ernes, générale­ment mieux inté­grées à l’his­toire que d’habi­tude), quand d’autres frô­lent même la poésie (cer­taines bal­lades, par exemple).

Cette réus­site visuelle ne nous fait pas pour autant oubli­er un livret encore bien trop faible. Certes, on peut cer­taine­ment dire que l’his­toire est mieux « racon­tée » qu’un Drac­u­la par exem­ple, mais était-ce dif­fi­cile ? On peut recon­naître égale­ment quelques petits efforts effec­tués dans le « bon » sens, ou du moins, celui qu’ap­pré­cient les ama­teurs de « théâtre musi­cal » (pour faire un dis­tin­guo avec le « spec­ta­cle musi­cal »). Par exem­ple, on a à un moment la reprise d’un thème, à un autre, un con­tre point ou encore des par­ties dia­loguées qui vien­nent s’in­sér­er dans des chan­sons tubes comme « Je veux le monde ». Les puristes trou­veront cela sans doute dérisoire, efforçons-nous de voir ce côté posi­tif pour une fois : les choses avan­cent dans une bonne direc­tion ; après tout, elles auraient pu reculer, comme il nous a été don­né de voir avec les deux dernières pro­duc­tions de ce type dans ce même Palais des Sports. Avec encore un peu de temps, les pro­duc­tions réalis­eront peut-être qu’une his­toire crédi­ble et bien con­stru­ite n’ef­fraie pas for­cé­ment leur pub­lic cible habituel, mais qu’elle peut au con­traire en attir­er un autre. Le chemin est sans doute encore long, la révo­lu­tion n’est pas encore totale­ment en marche, mais, allons, dis­ons qu’un pre­mier pas a déjà été effectué.